RESTONS ENTIER MAIS DETALLONS

Je ne parle guère de son maître car il ne l'était pas
Quant au téméraire garçon qui s'interposa
Il risqua de passer de vie à trépas
Que faire car une demi heure de longe
Au demeurant n'en fera jamais hélas un hongre!
De solutions encore je n'ai pas trouvé

Mes amis Robespierre et Lavoisier
Proposent des issues radicales mais plus tranchées
Sans vouloir entrer dans une polémique
Pouvez vous envisager ma chère Hippolyte
Le pire, qu'à l'instar du masque de fer
Le priver à jamais de prairie et d'air
Le confiner au fond d'un couloir bien sombre

Car tel Gribouille à la lune, il s'effraye de son ombre
Le voici tel donc qui shoote,
comme un moulin ruant aux quatre vents
Et menant un sabbat d'enfer, des éclairs sous les sabots
Le cou tendu la tête en avant dégageant bien les naseaux
Quand dans la cour au puits est puisée l'eau

De ses écarts je ne dirai rien de d'obscur
Sinon qu'il voulut même couvrir une voiture
Et que pour le calmer le palefrenier s'oblige à le saouler!

Mon dieu qu'il est agréable d'avoir un hongre bien mis
Comme monture car les juments ai-je bien compris
Entre leurs poulains n'offriraient que des sursis
Et les rubans rouges dont leurs crins étaient garnis
Préviendraient de ruades celui qui suit
Connaissant la nature j'en suis triste, mais bien peu surpris.

 Candide
 

Quel cheval monteriez vous donc, cher Candide, si le père de votre cheval n'avait été étalon ?  Celui-ci -ou l’entier, s’il n’a jamais sailli- n’est certes pas un cheval tout à fait comme les autres, mais, bien dressé et soumis à l’homme, il n’est pas aussi dangereux qu’on le dit.

 Pour manier un étalon sans danger, il faut connaître un peu sa psychologie: le cheval est un animal grégaire. 
L’étalon est le protecteur du troupeau.
Il le défend, le protège et il fertilise les juments pour perpétuer son espèce.
En partant de là, quoi de plus normal, pour un étalon entouré par d’autres chevaux (hongres ou juments), que de vouloir tous les dominer et vouloir rassembler les juments sous son autorité.

Chassez le naturel, il revient au galop!

 Bien sûr, l’étalon, comme n’importe quel cheval, peut profiter des prairies.
Il suffit de le mettre dans une prairie bien clôturée par des fils électriques, bordée d’une haie solide et bien haute (2m). Vous pouvez le mettre seul ou avec 1 ou 2 juments (attention aux conséquences!), mais il ne faut pas espérer qu’une simple clôture électrique de randonnée suffira à retenir ses instincts

 L’étalon ne sera monté que par des cavaliers ayant une grande expérience des chevaux et qui sauront, par leur science équestre, canaliser ses instincts naturels.
Plus qu’un autre cheval, il doit parfaitement obéir à son cavalier.
En randonnée, il faut éviter de l’attacher au bord d’un chemin avec les autres chevaux.
Mieux vaut l’éloigner et rester à côté de lui.
Pour l’étape du soir, il faut prévoir un box pour l’isoler.

 Si l’étalon fait occasionnellement des saillies, mieux vaut ne pas employer la même embouchure que celle utilisée pour le monter.
Il fera lui-même la différence.
En randonnée, sachez aussi que le plus inoffensif des étalons reste un étalon.
Sa nature peut se révéler à chaque instant.
Dès lors, il vaut mieux prendre ses distances et laisser faire les "hommes de cheval".
Le risque d’accident n’est pas négligeable.

 Bref, si déplaisante fut votre mésaventure aux côtés d’un étalon, n’accablez pas ce dernier de toutes les fautes.  Son maître, s’il n’a pas observé les principes énoncés ci-avant, doit porter seul la responsabilité des actes de sa monture.
Il se peut qu’il ne s’en soit pas montré maître.

 Votre Hippolyte