Ma chère Hippolyte, Nous sommes entourés de superstitions de croyances en de pitoyables fables, fariboles et fadaises en tout genres. Je n'en veux pour preuve que le discours de ce pauvre Grégor Von Meindaele, le jardinier de mon ami Franz Von Suppé, Commandant des cavaliers légers de Roddenbach. Figurez vous que cet individu (le jardinier) eut l'outrecuidance de se prendre pour un dieu suprême, de connaître seul les secrets de la nature et capable de prédire l'avenir, influencer le futur et déjouer les arcanes des Normes. Méprenant mes soins pour mon cheval "Peutêtre" comme une envie -Grands dieux ni fassent- d'espoir de victoire à une course hippique alors que je me contente de balades, il se mit en devoir de m'exposer de fumeuses idées et d'arachnéens calculs permettant selon lui de fixer les performances d'un produit (quel effroyable terme pour une si adorable chose qu'est un poulain) d'un étalon pur-sang anglais nommé "Dare Wine" et d'une brave jument demi sang "Anabella Marque" en me précisant qu'elle est naviculaire. Comme je ne voulais point paraître sot je ne lui ai pas demandé de quelle contrée il s'agissait mais je l'ai vertement sermonné, renvoyé à son potager et lui enjoignis de ne plus s'occuper que de prières pour le salut de son âme et d'être attentif non aux chevaux mais aux rangs de petits pois si précieux qu'aucun soin n'est superflu à leur culture. Du Sang! Il est évident que les chevaux en avaient, quant aux demis, l'haleine de ce fourbe disait assez combien de bière trappiste il avait ingurgité. Jusqu'où ira donc la crédulité du peuple, prétendre pouvoir prédire la taille, la robe, les performances aux seules histoires colportées sur les parents putatifs probables ou futurs. La nature fait bien les choses et octroie selon moi à chacun selon les hasards de sa générosité, le devenir n'est plus qu'erreurs et déchéances tel est mon humble avis que je résume à ceci "Le cheval est bon par nature, l'homme le corrompt" Candide
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Mon cher Candide, Votre jument n'est pas d'origine étrangère, elle est malade et normalement ne devrait pas être poulinière. Dans les théories de l'évolution tant chez Darwin que chez Lamarck, la sélection naturelle par élimination des individus inadaptés optimise à long terme (million d'année) une espèce à son environnement naturel. Mais le cheval domestique est-il dans son environnement naturel? J'ai bien peur que non. Ainsi le travail que les hommes exigent de lui est bien différent des contraintes à l'état sauvage et les attitudes qui sont retenues par sélection ne sont plus celles qui étaient nécessaires à sa survie il y a encore 3500 à 4000ans. Une sélection naturelle existe mais plus réduite à la résistance aux maladies dans des troupeaux maintenus en semi liberté. Par conséquent depuis sa domestication le cheval a surtout évolué du fait d'une sélection... artificielle et très rapide. A force d'expériences et de croisements successifs, l'homme a obtenu des chevaux de mieux en mieux adaptés à la fonction qu'il leur destinait : trait, course, attelage, chasse, ...etc. Au début l'éleveur opérait des croisements au hasard mais très vite il a remarqué que certaines tendances (performances des parents et géniteurs antérieurs, robe, modèle, tempérament...) tantôt favorables, tantôt néfastes se reproduisait dans certaines conditions (croisement de telle race avec telle autre, d'une descendance avec une autre...). Sans même connaître la génétique, les notions de race et de lignée permirent aux éleveurs d'espérer les résultats d'un croisement. Cela ne veut pas dire que l'éleveur maîtrise à 100% le résultat d'une reproduction puisque les gènes ne sont pas tous connus et qu'il restera toujours une partie de hasard dans toute reproduction sexuée dont le but justement est de maintenir une diversité génétique au sein d'une espèce. Certains audacieux essuient de cuisants échecs en prenant de dangereux raccourcis, notamment en recourant à la consanguinité rapprochée (nous dirions de l'inceste). Vouloir produire des chevaux exceptionnels (culte de l'être suprême) est une chose, éviter les poulains fragile de corps et d'esprit, malades, rétifs ou vicieux en est une autre. Et de deux la dernière est la seule louable. L'orientation de l'élevage ne devrait elle pas être celle-ci : produire de bons chevaux, en bonne santé et bien dans leur tête "Hippo sana in corpore sano"? Pour cela l'éleveur devra renoncer à reproduire les chevaux tarés (tant mâles que femelles) malades, boiteux, vernaculaires ou trop nerveux. Dans cette optique, mieux vaut donc produire de nombreux bons chevaux qu'une poignée de chevaux fabuleux, car pour un de ceux-ci combien d'autres payent par leur excès de tares l'ambition d'un éleveur peu scrupuleux, sûr d'écouler à prix d'or sa production hors normes à quelques riches connaisseurs et les "déchets" aux pauvres néophytes. votre Hippolyte
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