Humour et Humeurs

Vous m'avez convaincu de la nécessité d'un apprentissage équestre mais dîtes moi ma chère amie pour fréquenter le meilleur manège possible, dois-je me rendre au manège le proche, ou chercher plus loin de meilleures conditions? 

Comment reconnaîtrais-je une bonne formation? 
Rassurez moi car un certain adage ne veut il pas que le nombre de chute conditionne la qualité de l'apprentissage. 

Que me conseillez-vous la solitude d'une leçon particulière ou la sécurité d'un groupe car le cheval étant grégaire si j'en crois mon ami Buffon, il se sentira plus confiant en troupeau.  Mais étant un animal encore un peu sauvage me dit on ne conviendrait il pas de commencer au pré et peu à peu l'habituer aux fastes, aux bruits et autres ingrédients de notre vie dite civilisée? 

Votre Candide
 

Ne confondez pas vitesse et précipitation. 

J'ai demandé à notre ami le Commandant Franz Von Suppé du régiment des cavaliers légers de Roddenbach et fin cavalier de visiter le cercle équestre où vous escomptiez bénéficier d'une initiation équestre de qualité.  Je vous laisse juge de son appréciation consécutive à une visite impromptue. 
 

     Pour avoir voulu m'assurer du sérieux de vos conseils, je me suis retrouvé non pas face à des nouveaux Maîtres dont j'apprécie à la juste valeur le travail pourtant ni réglementaire ni académique mais à des nouveaux cavaliers dont je comprends peu les pratiques. 

Personne ne peut s'improviser responsable de cercle équestre même si beaucoup le croient possible
Voici donc mon avis revenant à votre cercle équestre : Devenu selon lui cavalier émérite après un an d'initiation un "amateur" de chevaux "Phille Hippos" (pour ceux qui sont allés chez les grecs) se monte une écurie et s'installe dans de nouvelles installations .  Hélas partisan de pratiques étranges que je n'entends guère, il confond encore les termes tels que  "devant entre animateurs faire les boxes avec les stagiaires"  et "faire de la boxe entre animateurs devant les stagiaires".  Ces séances de pugilat dégénérant, plaintes pour plaies et bosses s'ensuivent chez les pandores.   Et vous vous étonnerez de la violence de notre jeunesse?

En voilà du propre! L'hygiène parlons-en. Mors, harnachements, brosses étrilles passent d'un cheval teigneux à la crinière décolorée et ravagées de poux d'une jument fiévreuse, quant aux tapis de selles ils ne sont plus lavés que quand la crasse les maintient dans une forme à laquelle le dos du cheval ne sait plus s'adapter.
Les chevaux? Ils arrivent et partent sans notifications : un marchand en décharge un le matin dans un box vide ou déplace des chevaux arrivés précédemment de manière à faire de la place et disparaît ensuite sans laisser la moindre indication quant à ces animaux, lesquels tout de go seront utilisés pour  les leçons qu'ils soient débourrés, aguerris ou non .  D'ailleurs quelle importance puisqu'en présence d'enfants au milieu de leurs jeux, hongres, juments et étalons sont lâchés pendant que dans leurs boxes l'eau et la pourriture sont apportées.

D'animateur de cercle équestre voilà que notre amateur s'improvise étalonnier.  Avisant une jument de son marchand affaiblie, il la fait couvrir sans plus attendre par par un étalon qu'une tierce personne lui avait confié en pension.  La pratique était sensé apporter un mieux en augmentant le taux d'hormone, elle eut en effet pour résultat immédiat une poussée d'adrénaline (hormone de stress) tant chez la jument que chez la propriétaire de l'étalon qui voulant s'interposer eut le privilège de pouvoir apprécier au manque de résistance de ses côtes la qualité de la ferrure du maréchal ferrant. 

Lui aussi m'a frappé par sa pratique : un coup sur le fer, un coup sur l'enclume, un coup sur le cheval, cela calme même les chevaux les plus chauds.

La température normale d'un cheval se situe autour de 37,5 mais au-delà de 40 le cheval est malade et au-dessus de 42 il est exclu qu'il travaille, tout véritable responsable reconnaît que la visite d'un vétérinaire s'impose.  Mais non! je dois encore être dans l'erreur car plus de quatre jours passeront avant qu'un appel ne soit fait par un client et qu'aux frais de celui-ci les chevaux soient traités.  Vaccinés ils ne le sont pas, assurés encore moins je le crains. 

Quand la fièvre de l'équitation vous prend, gardez la tête froide, ne prenez pas plus de chevaux que vous ne pouvez en assumer vous même.
Même le matériel est rafistolé et tient avec des bouts de corde à ballots.  Acheter du matériel de qualité coûte trop cher  et réparer à temps prend trop de temps.  Car tout doit aller vite, dès lors le pansage est éludé, les sangles des tapis ne sont pas utilisées, le bridon et l'enrênnement sont plus que facultatifs, si une selle est placée et quelle en soit pourvue, les étriers seront peut-être ajustés au cours de la promenade.

Ah! le charme de la promenade! Tête nue dans les frais ombrages, sur des chemins défendus, avec un cheval libre qu'un (ir) responsable précède sans pouvoir si d'aventure le cheval faisait le moindre écart le contrôler en aucune façon de manière à prévenir les accidents.
Un licol ferait-il comprendre au cheval qu'il doit rester sage et suivre un quidam qui lui est inconnu parce qu'un cavalier novice ou handicapé dodeline mollement au-dessus de son échine?Ce fait place-t-il au-dessus des lois et du bon sens? Peut-on dès lors refuser les injonctions du personnel assermenté en tenue et en service et le braver effrontément?  Quelle assurance pourrait donc évoquer un tel homme ? 

Prenez encore que traînent dans les écuries un ensemble de chiens perdus sans colliers que je renverrai gaiement dans nos hôtels de police aux fins de contrôle, marginaux de tout poils, drogués, illégaux et des bénévoles  exploités au mépris de toutes les règles sur le travail et qui sont sensés en un éclair d'intelligence - puisqu'ils viennent de recevoir une corde, un seau ou une fourche entre les mains-  maîtriser et comprendre les arcanes de l"équitation naturelle".  Expliquez qu'en ramassant à la main le crottin dans les boxes pour le revendre comme  engrais car sinon les boxes en déborderaient, vous promouvez l'intégration sociale et vous voilà assuré du soutien populaire. 

Ah! la belle image ainsi conférée, mais où sont les garanties, le sérieux, le professionnalisme, à quoi servent donc les formations dispensées?

J'ose espérer que ce que mes yeux ébahis ont du constater n'étaient qu'erreurs passagères et que le manque de moniteurs qualifiés sera bientôt comblé pour que la qualité rejoigne celle de groupes irréprochables comme les poneys clubs agréés par les ministères français de l'éducation et des  sports et les fédérations équestres.

Franz Van Suppé Commandant au régiment des Cavaliers  Légers de Roddenbach dernière ligne
 

le cercle équestre idéal est celui où vous sentirez à l'aise, où les chevaux seront heureux et en bonne santé et où vous accomplirez des progrès. 

Je vous laisse quelques indices pour guider votre choix 
     - Ne confondez pas vitesse et précipitation
     - Préférez un maître prévenant et rigoureux 
     - Renseigner vous auprès du voisinage
     - N'arrêtez pas votre choix au premier maître 
        mais fréquentez plusieurs écoles.
     - Commencez par de la gymnastique vous assouplira 
    - Vos premières leçons se feront  seul, à la longe 
    - Débutez par de la voltige, du travail à la longe et une monte à cru 

Cela vous permettra  d'acquérir l'équilibre et la compréhension des mouvements du cheval  aux différentes allures et ensuite seulement le maître  ou l'instructeur équestre vous initiera à la conduite de votre monture. 

L'idéal est de pouvoir bénéficier fréquemment de sessions individuelles même courtes et d'observer le travail d'autres cavaliers plus avancés. 

Je vous déconseillerais toute formation où en paquets serrés des régiments entiers essaieraient vainement de suivre les indications qui leur seraient données.  Une dizaine de cavaliers par leçon me semble plus que le nombre maximal pour une piste de 20m sur 40m. 

Appréciez aussi le calme des cavaliers, du personnel, la propreté des écuries, l'état du matériel, songez mon ami que votre vie qui m'est chère en dépend 

Notez bien  mon ami pour votre sécurité et celle de vos enfants, qu'un cheval qui s'est roulé dans la terre ou le sable de la piste et dont la robe porte encore les traces de sa toilette, est plus  heureux parce détendu car ayant pu assouvir ses besoins éthologiques.  Mieux vaut un cheval boueux car lâché sous surveillance au pré plusieurs heures par jour,  qu'une cavale pimpante mais nerveuse et stressée parce qu'enfermée et confinée en stalle ou au box 23h sur 24 ... 

Les dix petites minutes qu'il vous faudra pour panser votre destrier seront l'occasion idéale pour rassurer votre monture quant à vos intentions bienveillantes et de vérifier par la même  occasion son état de santé. 

Le cheval devra vous porter mon cher, pas vous supporter.

Votre Hippolyte