QU'EST CE QUE LA MALADIE
DE LA LIGNE BLANCHE
par Jan YOUNG, D.V.M., C.F., USA , article paru dans Infor
Maréchalerie numéro et sBs news décembre
99
QU'EST CE QUE LA MALADIE D E LA LIGNE BLANCHE ?
O n connaît la Maladie de la Ligne Blanche sous beaucoup de noms,
mais elle fait toujours référence à une infection
fongique ou fongique et bactérienne de la corne du pied du cheval
Les éléments fongiques digèrent fa kératine.
Le champignon digére et consomme la keratine ou "ciment " de fa
paroi cornée la laissant structurellement déforcée.
La rigidité mécanique de fa muraille peut-être perdue
lors de fa mise en charge du pied du cheval Les parois friables, les pieds
spontanément évasés et les pieds dérobés
peuvent en être le résultat final Le cauchemar du maréchal-ferrant
n'est alors rien d'autre que de se demander comment faire tenir des fers
et améliorer la condition du cheval
Le champignon se trouve naturellement dans l'environnement du cheval.
Mais lorsqu'il se trouve dans des conditions humides et sales, ces champignons
peuvent saisir l'opportunité d'envahir la muraille en entrant par
des petites fissures existantes ou par les trous occasi~nnés par
les clous. Les filaments du champignon envahiront les tubules cornés
en mangeant de plus en plus la kératine.
(Ph. 1 Filaments du mycélium).
L'endroit de prédilection pour voir la Maladie en question est
la muraille intérieure non pigmentée. Ceci est évident
lorsqu'on examine le pied.
Ces séparations de muraille peuvent continuer à progresser
jusqu'à la gouttière coronaire. Je n'ai pas vu de cas qui
incluait ou dépassait la limite coronaire. Les biopsies de la muraille
donnent les meilleurs résultats quand elles sont effectuées
au niveau de la séparation de la corne.
Tout comme la teigne (roue), les échantillons sont prélevés
en périphérie du tube où se trouve la kératine
et où vit le champignon.
Ce champignon peut se trouver partout dans le pied mais le plus souvent
en pince, mamelles et quartiers. (Ph. 2)
La séparation de la muraille peut n' être rien de plus
qu'un matériau d'apparence noire ou blanche qui s'effrite. (Ph.
3).
C'est différent d'une pourriture puisque cela ne répond
pas au traitement habituel de la pourriture. Ce n'est pas non plus une
maladie du crapaud ou une pourriture de fourchette puisque là aussi
cela ne reagit pas aux traitements typiques.
Le cheval peut être à l'écurie ou au paddock. On
peut remar- quer ce problème sous des climats secs ou humides, pour
toutes les races et tous types de travail. Le cheval atteint est ferré
ou non. L'entièreté des écuries peut être contaminée
s'il y a un manque d'hygiène. Les lieux suspectés d'infection
sont les écuries de show où les chevaux sont lavés
quotidiennement et les installations de pansage dans les pensions pour
chevaux.
Des cas peuvent aussi se manifester spontanément et ne toucher
qu'un seul cheval séjournant sur un terrain sec et étant
l'objet de peu ou d'aucune attention.
Je ne pense pas que les outils des maréchaux puissent agir comme
facteur de propagation. Certains maréchaux ne verront cette maladie
qu'une seule fois dans leur vie professionnelle. La désinfection
d'outils n'est pas habituelle aux Etats-Unis, cela signifie aussi qu'ils
sont négligés.
La plupart des chevaux ne boitent pas. Le cheval qui devient boiteux
à cause de la Maladie de la Ligne Blanche présente des fissures
à l'intérieur des tissus vivants à l'endroit de la
séparation de la muraille. Si le manque de muraille est supérieur
à 1/3 de la surface portante de celle-ci, le cheval sera boiteux
et la sole pour- ra descendre. Si la séparation de la muraille concerne
l'entièreté de la pince d'un quartier à l'autre, l'os
du pied pourrait subir une rotation et ce cas peut être difficile
à distinguer d'une fourbure (laminite). Il est important de prendre
des clichés radiogra- phiques pour évaluer les tissus mous
et l'alignement phalangien dans les cas où la boiterie est présente.
En radiographie, les séparations de la muraille seront visibles
sous forme de lignes gazeuses. On peut les observer grâce à
un produit de contraste qui mettra en évidence l'étendue
du problème avant d'entamer l'enlèvement de la muraille.
(Ph.4)
TRAITEMENT D E LA MALADIE
Après avoir détecté la présence de la maladie,
un ferrage adéquat doit être envisagé lequel est choisi
en fonction de l'extension de la maladie.
Une petite séparation va réagir favorablement à
un nettoyage local de la zone fongique de la ligne blanche. Un fer ordinaire
avec pinçons peut être la seule chose dont le cheval ait besoin.
L'application hebdomadaire de Bleu de Gentiane maintient la muraille
sèche et permet l'avalure du sabot sans problème.
Le propriétaire a un rôle important dans l'hygiène
du cheval. Maintenir la propreté de l'écurie et diminuer
les bains sont des éléments essentiels. Tout comme pour le
traitement du "pied d'athlète", le champignon perdra du terrain
dans des conditions environnementales sèches avec l'application
topique d'une solution fongicide non caustique pour les tissus vivants.
Combler les zones de manque de muraille dans les cas de la Maladie de
la Ligne Blanche est un vrai désastre. Le cas empire habituellement
et lorsque ce qui a repoussé tombe ou est enlevé, la séparation
de la muraille est bien pire. Certains acrylics médicaux contiennent
des antibiotiques qui sont inefficaces pour les infections de champignons
et n'ont qu'un temps d'action court. Si le produit contient un agent antifongique,
vous pourriez l'utiliser pour combler cette zone si c'est absolument nécessaire
pour assurer la fixation du fer. Même si les champignons sont inactifs
la chaleur induite par certains produits peut provoquer un abcès
des tissus vivants.
Un cheval de compétition sur lequel j'étais intervenue
se remettait bien de sa résection de muraille faite deux mois auparavant
puis j'appliquai Equilox. Le lendemain le cheval était tout à
fait boiteux et ille resta durant 30 jours même après avoir
supprimé la plupart du matériau.
(Ph. 5-8 indique la progression) .
Les séparations de muraille plus profondes exigent une résection
de muraille sans pour autant que ce soit un bain de sang mais bien un enlèvement
conservatifde la muraille qui est détachée. (Ph.9)
Il faut bien mener chaque chose à son terme. Le débridement
doit être répété à chaque ferrure. Chaque
portion de corne détachée doit être enlevée
si possible. Il faut que les résections soient évaluées
de façon critique avant d'enlever la muraille et d'établir
un plan de ferrure. Les fers doivent peut-être avoir des pincons,
être vissés ou même collés*. (Ph.l0)
Si plus d'1/3 de la surface d'appui de la muraille n'est plus là,
un fer en coeur est indiqué car il reportera le poids normalement
dévolu à la partie manquante de la muraille sur la fourchette.
De plus une application locale de Bleu de Gentiane une fois par semaine
maintiendra le site sec et propre. Les bandages ne sont d'habitude pas
nécessaires sauf s'il est évident que des fissures dans les
lamelles sensibles sont apparues. On peut s'en rendre compte au moment
de faire la résection de la muraille. Si les tissus sensibles sont
à nu, la Sugadyne (un mélange de Bétadine en solution
et de sucre) devrait être appliquée jusqu'à ce que
la muraille soit sèche.
Des produits caustiques tels que le formol, le formaldehyde, l'éthanol,
le méthanol et des teintures puissantes comme l'iodine sont contre-indiqués.
Brûler les tissus avec du liquide d'embaumeur causera des dégâts
en provoquant des cicatrices et une croissance irrégulière
de la corne. L'emploi de ce genre de produits caustiques sur les tissus
sensibles a provoqué des infections secondaires de P3. Il ne faut
jamais utiliser un produit sur les tissus vivants du pied que vous n'utiliseriez
pas sur une blessure au corps du cheval. On contrôlera l'immunité
du cheval pour le tétanos en cas d'exposition des tissus vivants.
Les soins ultérieurs consistent en un suivi rapproché
du maréchal avec évaluation régulière. Si le
cheval boite, le repos est recommandé. Dès que le fer thérapeutique
est en place, la boiterie devrait fortement s'améliorer. Il revient
au propriétaire de maintenir un environnement propre tout comme
d'apporter un complément alimentaire qui facilitera la croissance
d'une nouvelle corne saine le plus vite possible.
Le cheval devrait déjà avoir une alimentation correcte,
mais il vaut mieux ne pas considérer la chose comme établie.
Il est tout à fait étonnant de voir ce que les gens donnent
à manger à leur cheval de nos jours. Un cheval d'un de mes
clients recevait un complément alimentaire très cher qui
contenait des l'éléments organiques préhistoriques"(?)
S'il vous plait, donnez-vous la peine de lire les notices.
Le marché est bien étoffé en compléments
alimentaires destinés au pied du cheval, utilisez-en un qui marche
dans votre réglon.
Le but est d'améliorer la qualité de la muraille et de
la faire pousser le plus vite possible. La Biotine seule ne provoquera
pas la croissance aussi bien que si on la combine avec de la méthio-
nine, du cuivre, du zinc et des vitamines*. Il y a un effet synergétique
des éléments qui agissent sur la croissance de la corne.
Je me répète, lisez les notices et évitez des suppléments
qui contiennent des sous-produits animaux. Les chevaux sont des herbivores
et ne sont pas programmés pour consommer des protéines animales
ou des sous-produits animaux.
Les produits d'entretien des pieds peuvent être en partie la cause
de problèmes bien plus que des soins réels. Les produits
à base de pétrole peuvent effectivement agir comme des pièges
qui attirent les organismes qui digèrent la corne dans le pied tout
en leur proposant des conditions idéales pour infecter la corne.
Les produits à base de Lanoline semblent êtres meilleurs que
les produits à base de pétrole. Les vernis étanches
qui peuvent maintenir l'humidité en dedans ou en dehors peuvent
contenir de l'acétone, du toluène, du merthiolate, de l'éthanol,
du méthanol ou d'autres solvants toxiques et cancérigènes.
Les produits d'origine hydrique* sont non-toxiques et permettent au
pied de respirer.
Ces enduits à base d'eau sont meilleurs pour recouvrir le pied
après une réparation indispensable pour appliquer un fer
à coller. L'acétone et les alcools présents dans plusieurs
enduits peuvent agir sur la solidité du collage et amener à
la perte du fer.
La Maladie de la Ligne Blanche est un problème universel. Il
affecte tous les équidés. Une bonne hygiène d'écurie,
l'alimentation, une bonne maréchalerie et un dépistage précoce
amèneront heureusement un traitement rapide. Des cas compliqués
et très étendus peuvent conduire à la fourbure, entraînant
la perte de l'intégrité structurelle du pied.
Remerciements: Je voudrais dédier cet article à Burney
Chapman, CFJ et Myroh McLane, CFJ pour m'avoir enseigné le pied
du cheval et la maréchalerie. Ils sont mes guides et mes amis.
Jan YOUNG, D.V.M., C.F., USA
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