Newcastle rejecte l'utilisation recommandée par Pluvinel
des piliers
Arguant que trop de bons chevaux y sont ruinés par de mauvais
entraîneurs car "C'est à l'usage des piliers qu'on y estrapasse
et qu'on y tourmente mal à propos un Cheval pour lui faire lever
le devant, espérant par-là le mettre sur les hanches. Que
cette méthode est contre l'ordre et rebute tous les Chevaux. Que
les piliers mettent un Cheval sur les jarrets, parce que, quoiqu'il plie
les jarrets, il n'avance pas les hanches sous lui pour garder l'équilibre,
soutenant son devant sur les cordes du caveçon."
Par contre il recommande l'usage du chandellier unique pour l'incurvation
notament lors des voltes . Son expression:s "head into the volte"
impliquant une incurvation d'encolure uniquement sur une trajectoire autre
prépare aux exercices de de
la Gueriniere et la fameuse "épaule en dedans". Dans le
cercle la tête en dedans, Cavendish note que " les parties
de devant sont plus sujettes et plus contraintes que celles de derrière
et que cette leçon met un cheval sur le devant ".
Le caveçon trouve grâce à ses yeux et il n'attache
que peu d'importance à la position des rênes lors de l'usage
de celui-ci. Il stipule aussi que le rassembler est impossible à
obtenir sans action de la part du cavalier mais propose que seules les
jambes
y pourvoient par des aides très rapprochées.
Ce que F Robichon de la Guérinière
va confirmer peu d'années plus tard dans son ouvrage l'Ecole de
Cavalerie" ou il commente abandomment Cavendish et la Broue:"
Voici le sentiment de M. le Duc de Newcastle
: “ Le caveçon est pour retenir, relever, rendre léger, apprendre
à tourner, arrêter, assouplir le col, assurer la bouche saine
et entière, les barres et la place de la gourmette, plier les épaules,
les rendre souples de même que ses bras, ses jambes, plier le col
et le rendre souple. Un Cheval ira mieux ensuite ayant quitté le
caveçon et aura de l'attention à tous les mouvements de la
main. Il ne faut pas tout faire avec le caveçon, mais il faut que
la main de la bride agisse avant le caveçon, qui n'est qu'une aide
pour la bride.
“ La longe de dedans du caveçon,
attachée au pommeau de la selle, donne un beau pli au Cheval, l'assujettit
au véritable appui de la main et le rend ferme sur les hanches,
surtout au Cheval qui pèse ou qui tire à la main, parce qu'il
l'empêche d'appuyer sur le mors.
“ Le caveçon appuyant partout également
sur la moitié du nez, on a plus de prise pour donner un plus grand
pli et pour faire tourner le Cheval, ce qui agir aussi puissamment sur
les épaules.
“ Un Cheval dressé sans caveçon
ne sera jamais dans cet agréable appui que doivent avoir les braves
Chevaux, qui est d'être égal, ferme et léger.
“ Les branches de la bride sont plus lentes
à faire leur effet, et sont si basses qu'il ne reste pas assez d'espace
pour tirer comme avec le caveçon. La bride peut, à grand
peine, tirer le bout du nez.
“ Le caveçon et la bride sont fort
différents dans leurs effets, par la différence qu'il y a
de la bouche au nez. Si vous tirez le caveçon en haut, les
ongles tournés en avant, cela hausse la tête du Cheval, et
si vous tirez la bride, les ongles en haut, cela fait baisser seulement
le nez du Cheval en bas, et encore plus, si vous tenez la main basse de
la bride.
“ En travaillant avec la bride seule, on
se peut facilement tromper, à moins que d'être bien savant
dans les différents effets des divers mouvements de la main de la
bride ; ainsi il faut se vouloir aveugler soi-même si on ne veut
pas prendre un chemin si court et si assuré, comme est celui du
caveçon lié au pommeau, et secondé de la bride. ”
Après le jugement que portent ces
deux grands Maîtres sur les avantages et les effets du caveçon,
il y aurait de la témérité à ne pas suivre
une décision si respectable. La seule remarque que je trouve à
propos de faire, c'est que je crois le caveçon très excellent
entre les mains d'un Homme de Cheval qui sait bien d'en servir ; mais je
crois, en même temps, qu'il est dangereux de le donner aux Écoliers
parce que l'expérience nous fait voir que ceux qui ont été
élevés dans les Écoles où on se sert de cet
instrument, ont pour la plupart la main rude et déplacée,
ce qui est occasionné par la force majeure qu'on emploie pour le
faire agir.
Le bridon est une embouchure montée
d'une têtière sans muserolle ; cette embouchure a peu de fer
et est brisée dans le milieu : quelques-uns le sont en plusieurs
endroits. Le bridon n'est autre qu'une imitation des premières brides
dont on s'est servi pour monter les Chevaux, qui n'était autre chose
qu'une simple embouchure sans branches et sans gourmette.
Il y a deux sortes de bridons : les uns
dont l'embouchure est très mince, se mettent avec la bride et servent
à soulager la bouche d'un Cheval, et en cas d'accident, lorsque
les rênes viennent à se rompre, par exemple, ou à être
coupées dans un combat, on a recours alors au bridon.
L'autre espèce de bridon est celui
dont on se sert pour acheminer les jeunes Chevaux. L'embouchure en est
plus grosse, et aux deux extrémités il y a deux petites barres
de fer rondes pour empêcher qu'il ne sorte de la bouche d'un côté
ou de l'autre, en tirant une des deux rênes.
Voici de quelle façon M. le Duc de
Newcastle s'explique sur les effets du bridon.
“ Le bridon n'appuie que sur les lèvres,
et peu sur les barres, et la barbe se conserve en son entier. Il est bon
pour les Chevaux qui pèsent à la main, portent bas et s'arment
pour les relever. On peut gourmander un Cheval en tirant les deux rênes
du bridon l'une après l'autre, fortement, et plusieurs fois de suite,
comme si on voulait lui scier la bouche. Il est encore bon pour acheminer
un jeune Cheval, lui apprendre à tourner au pas, au trot, l'arrêter
; la sujétion de la bride lui peut donner occasion de se défendre,
et le bridon le dispose à mieux obéir à la bride.
Il faut avoir les ongles en dessus, avancer les mains, et avoir les bras
en avant. Il n'est pas bon pour ceux qui n'ont point d'appui, qui battent
à la main, car, comme il ôte l'appui à ceux qui en
ont trop, il gâte ceux qui n'en ont point. ”
Le filet est une espèce de mors monté
d'une têtière sans muserolle, avec une gourmette et des branches
sans chaînettes. Ce mors sert aux Chevaux de carrosse ou autres,
lorsqu'on les étrille ou qu'on les mène à la rivière.
Les Anglais, plus attentifs qu'aucune autre
nation, pour ce qui regarde l'équipage d'un Cheval, ont inventé
un filet d'une structure assez singulière ; il sert en même
temps de bridon et de bride, par le moyen de deux paires de rênes,
l'une desquelles est attachées au bas des branches, comme aux brides
ordinaires. Les autres rênes sont attachées à deux
arcs, qui sont aux extrémités de l'embouchure ; et en se
servant de ces deux dernières rênes, la gourmette alors n'agissant
plus, l'embouchure agit comme celle du bridon, et produit le même
effet.