L'achat et la garde en bonne sante du cheval  des moments dangereux entre tous... pour le cheval et les espérances du cavalier... ethologie

Pourquoi parler d'ethologie du cheval ?


Le cheval est un herbivore
une proie qui ne trouve
son salut que dans la fuite

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L'homme est un prédateur
et il se voudrait cavalier
en sautant sur le cheval

Il faut comprendre le cheval
pour en faire un partenaire
pas pour le dominer



 
 
 
 
 
 

A table voici le menu....

 
 
 

Ou sur le forum
Equine Behavior Forum,
http://www.gla.ac.uk/External/EBF























Menu Sommaire :
 

L'ethologie : Comprendre pour apprendre les relations naturelles
Apprendre à “penser” cheval
Le cerveau du cheval 
     (1) Anatomie 
     (2) Evolution et quelques idées fausses
Les privations sensorielles
le gout
l'odorat
la vue
L'empreinte chez le poulain
L'apprentissage chez le poulain 
les risques de confusion
Apprentissge et émotions
Modification de la composition de troupeau
le comportement de fuite
Les distances de sécurité

Les besoins de compagnie
 
 
 
 

Ethiologie du Cavalier 
par Jona et Othello 
Après avoir assisté à un cours de Natural horsemanship très intéressant, quoi qu'un peu cher à leur avis, (400 francs Suisses), Jona, la jument de Philippe et Othello, le fidèle compagnon de Laurence, ont le plaisir de vous annoncer leur prochain cours d'équitation pour les amis du cheval. 

Ce cours intensif sera basé sur des méthodes naturelles et vous fera découvrir comment faire faire des progrès rapides à vos protégés.  Nous aborderons les points suivants : 

- Soins à l'écurie 
- Gymnastique douce 
- Comportement respectueux de la nature 
- Communication gestuelle 

Il est important de développer une bonne compréhension du cavalier, de ses désirs et de ses craintes. 

N'oublions pas que le cavalier est un être petit, fragile, craintif et agité.  Il souffre aussi souvent de son incapacité à communiquer, ce qui explique qu'il parle presque sans arrêt.  Donnons-lui donc l'impression que nous lui faisons malgré tout confiance, et pour le rassurer, il est bon, de temps à autre, de prétendre que nous voulons faire ce qu'il nous demande. 

Un des premiers buts que nous nous efforcerons d'atteindre, c'est de calmer le cavalier.  Pour cela, il faut qu'il nous accepte sans arrière-pensée, qu'il se rende compte finalement qu'il ne peut rien contre notre masse, notre force tranquille...  La meilleure méthode pour briser sa crainte, en respectant sa nature intime et son inquiétude, est l'exercice de la longe. 

Pour longer votre cavalier, menez-le au manège.  Faites-lui tenir une corde de fibres naturelles dans la main droite, puis mettez-vous à tourner lentement autour de lui pour l'empêcher de fuir.  Si le cavalier est très impressionné par l'exercice, aidez-le à se souvenir de ce qu'il doit faire en le plaçant au milieu d'un hoola-hop posé sur le sol. Agitez de temps à autre la corde pour vous assurer que le cavalier ne la lâche pas. Toutes les deux minutes changez de direction, et pour vérifier les progrès accomplis, de temps à autre avancez-vous fermement vers votre cavalier.  Si celui-ci résiste à son incoercible envie de fuir, l'exercice est réussi. 

Vous avez sûrement remarqué que le cavalier cherche à calmer sa nervosité naturelle en mangeant constamment des sucreries.  Pour ménager sa santé et pour qu'il dure plus longtemps, il est important de contrôler fréquemment le contenu de ses poches, et de croquer quelques biscuits à chaque occasion.  Les bénéfices de ce procédé sont multiples : les poches se déforment moins (vous savez comme il est déprimant de se promener là où on rencontre des congénères alors qu'on transporte un cavalier aux poches ballonnées de friandises malsaines).  De plus, le cavalier en retire l'impression que nous sommes gentils et affectueux et cela l'aide à conserver sa sérénité. 

A l'écurie nous avons de multiples occasions d'améliorer la santé physique et mentale de nos petits amis.  Le cavalier a besoin de mouvement, et la meilleure façon de lui faire prendre du mouvement, c'est la brosse en fibres naturelles.  Faites-vous brosser longuement sur tout le corps, pendant que vous mâchouillez un peu de foin fermenté.  Si les séances vous semblent trop courtes, il faut développer progressivement l'endurance du cavalier.  Pour cela, prenez soin de vous rouler soigneusement dans la boue, ou par temps sec dans la poussière, avant de rentrer du pré.  Donnez aussi souvent vos pieds, cela force le cavalier à se baisser pour voir ce qui est caché sous le sabot et c'est très bon pour son dos.  Donnez le pied antérieur droit, puis le pied postérieur gauche, ainsi le cavalier doit faire plusieurs fois le tour et cela lui permet de s'étendre et de s'assouplir.  De temps à autre, pour garder l'attention de votre petit ami, donnez deux pieds à la fois, mais pas d'exagération, si vous donnez trois pieds en même temps vous risquez de tomber sur le cavalier et de le rendre inutilisable pour une longue période. 

Ce programme très chargé peut cependant être accompli en deux jours grâce à nos méthodes originales basées sur notre longue fréquentation de cavaliers de tous âges.  Nous avons fixé le prix à 400 francs Suisses.  C'est cher, mais plus c'est cher, plus le cavalier pense que le niveau du cours est élevé et plus il se donne de la peine.  Venez nombreux, il y aura du foin fermenté à volonté. 

Texte paru sur la mailing-liste Cheval http://perso.wanadoo.fr/cheval/inscrip.html
 


 
 



 
 
 
 
 
 


 L'humour chez le cheval 

par H.R Henri Jaspar

L arousse dit: l'humour est une forme d'esprit qui dissimule, sous un air sérieux, une raillerie (cruelle), une situation absurde ou comique y l'humour noir souligne, avec amertume et parfois déses- poir, l'absurdité. Ou encore: c'est une forme de raillerie qui se dissimule sous une appay rence sérieuse et dont les traits caractéris- tiques sont l'ironie et l'impassibilité. Cfr. Corneille, "II a le sens de l'enjouement". Ce n'est donc la qualité exclusive d'aucune race, ni d'un enfant de 2 à 5 ans, ni y pourquoi pas ? y du cheval. Qui soigne son cheval, qui l'aime, n'a pas lu son humour dans ses yeux. Il y a un humour allemand, il y a un humour britannique ou un humour fran- çais. Pourquoi pas un humour équin ? A nous d'essayer de le comprendre, puisque c'est une forme 5ensible de l'intelligence. L'humour suppose du concret. Et je me suis attaché, dans les chapitres précédents, à assurer que le cheval avait le sens de la réflexion, que ce soit par son inquiétude, sa curiosité, son anxiété... Le jeu demande un certain sens de l'humour, et... qui n'a pas joué avec son cheval! Lorsque vous avez été le rechercher en prairie, votre cheval n'a- t-il jamais joué avec vous aux quatre coins, attendant avec malice que vous l'ayez rejoint pour galoper vers un autre coin ? Alors que d'autres fois, il vient à vous avec calme et dignité I Si vous n'avez pas compris qu'i] voulait exprimer dans ce jeu une bonne humeur, et, par ce jeu, un humour certain, vous n'avez
pas jugé chez lui un certain sens de l'humour. Jarda Langley cite aussi le cas du cheval de Berger, qui observait son maître se désaltérer dans une fontaine, puis, se ]aver ]es mains et le visage à l'eau claire. Soudain, et en une seule fois, le cheval posa sa tête contre la jambe du berger et l'envoya, d'une vigoureuse encolure, prendre un bain forcé. N'est-ce pas là de l'humour et donc une preuve d'intelligence ? Quel est le randonneur qui, à l'abord d'une rivière ne s'est pas fait asperger d'un antérieur vigoureux juste à côté de ]ui ? Etait-ce par taquinerie, par impatience ou par remontrance ? Il faut aussi dire qu'un engagement ludique sert à évacuer le stress, donc l'anxiété .

La taquinerie est une forme bénigne de l'humour mais celui-ci implique un comportement volontai- re. Qu'il me soit permis de citer le grand Baucher dans son dictionnaire . "l'Ecuyer qui traite l'animal comme une machine sonmise, seulement à l'impression du moment. sans souvenir et sans conception, ne sera jamais qu'un mauvais écuyer". "Le cheval a la perception comme il a la sensation la comparaison et le souvenir, il a donc le jugement et le souvenir, il a donc l'intelligence' Pourquoi n'aurait-il pas l'humour autre preuve du discernement dans l'intelligence. 

Un autre exemple: Freddy Knie me disait: 'Mon cheval Rafalo, vint, un jour, par derrière. me saisir mon chapeau par le bord et le jeta à terre certainement pour blaguer. Au lieu de le punir. riant de l'humour de mon cheval, je l'ai flatté à rencolure en remettant mon chapeau" Quelques jours plus tard, spontanément, il répète le même truc.. et il a eu la même récompense. Depuis lors. à la grande joie du public, ce cheval facétieux refait. parfois ce tour en soirée et est récompensé par la joie populaire. C'était donc une preuve d'humour Une ancienne et excellente cavalière me racontait que son cheval, "Fauvine" s'amusait à pousser son compagnon de promenade vers les fossés uniquement par plaisanterie... et non par vice. Fauvine savait exactement quand surprendre et quand le danger n'existait pas. Par blague ou par vice ? Fauvine savait aussi qu'une dame. Yvette avait peur des chevaux. A l'Etrier de Bruxelles Fauvine venait à petits pas, par derrière, dans la foule des dames, mettre ses naseaux dans le cou d'Yvette... Le cheval semblait en rire, les deux yeux pétillants de malice. Fauvine ne faisait pas cela avec les autres spectateurs et jamais lorsqu'elle était montée ! Ne ne me pas dites que c'était de la pure mémoire ! 

Une autre anecdotc cst à reprendre ici. en Inde, le Général anglais Peter était très corpulent. A Madras, il acheta un cheval de selle, qui, au bout de quelques temps s'avisa d'un tour original chaque fois que le Général l'approchait, le cheval humoristique ou raisonneur, se couchait, et rien ni personne ne parvenait à le relever. Le Général dut le vendre à un jeune officier qui partait pour le nord du pays. Deux ans plus tard, le Général,
lors de sa tournée d'inspection, se vit offrir un cheval pour une revue Dès que le cheval le vit, il se coucha... C'était le même cheval qui avait reconnu le "poids lourd" Humour ou mémoire du tour joué ? 

Le grand écuyer américain Pat Parelli a basé sa nouvelle méthode de débourrage uniquement sur le jeu. donc sur l'amitié et Sur. l'humour du cheval, dans la douceur et la compréhension. C'est reconnaître l'intelligence équine. 

H.P Henri Jaspar est conservateur du Musée du cheval belge Bibliographie 
-Ed Curot. Galopeurs et trotteurs. Editions Vigot, Paris-1995 chapitre "L'hérédité psychique chez le Pur- sang., -E Gayot. Achat d'un cheval. Editions E. Tarlier. : ~:: -Movis Weeks. The last wild horse, H Mipplin Cy.Boston 1977 -M A Leblanc. Le cheval (vie sociale), Ed de l'Homme Versailles 1984 -M Montang. Psychologie de cheval Editions Payot. Paris. 1971 -H. Hediger, The psychology and behaviour of animal in zoo and circus. New York -G de GôldtÏem. Hippologie Psychologie du cheval. ed .Artisanat Rural. Paris. 1974. -D Kocchlin, Comment parler avec les animaux. éd Pauvert, Poitiers 1978. -"Je parle aux chevaux. ils me répondent". Renaissance, Paris, par H Blake 1976 -Psychologie et comportement du che- val par D Gosin Maloine Paris 1982 -E. Hekeman. Le comportement du cheval, Crépin Leblond. Paris, 1973 - Jarda Langley. Understandig Horses. Ed. David et Charles Behaviour !989 pages 97-98. -Entretiens privés avcc les dresseurs en liberté Knie -Grüss -Lurashi P Parelli.. 

suite des chapitres "l'impulsion", "l'anxiété", "la curiosité chez le cheval" Publié dans "Le Monde équestre" et .HippoNews.1996et 1997 

 



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


ÉTHOLOGIE
par le Dr. Y. Bertrand
Comprendre pour apprendre les relations naturelles

Le mot "éthologie" est régulièrement exprimé dans les revues équestres et dans les livres qui traitent d'équitation.
Approche éthologique, équi-éthologie appliquée, étude éthologique, l'éthologie en pratique, l'éthologie à la traîne... sont en effet des expressions retrouvées dans ces divers articles et livres. Mais que signifie au juste le mot éthologie?

Deux disciplines étudient la condition  animale la psychologie et l'éthologie. La psychologie s'attache davantage à la connaissance de la personnalité de l'animal (émotivité, peur, agression...). L'éthologie étudie les manières d'êtres des animaux par l'observation de leur conduite soit on milieu naturel et en liberté soit lors d'expériences en laboratoire, en captivité ou à l'aide de techniques (photos, films, stimulations électriques, biochimie, électro-encéphalogramme,...).

L'homme a toujours éprouvé un vif intérêt à observer les animaux. C'est ainsi que 'histoire nous a laissé trois pionniers de l'observation animale:

  1. * Charles Darwin (1809-1882) qui a développé sa théorie de l'évolution par la sélection naturelle.
  2. * Henri Fabre (1823-1915) qui a observé le monde des insectes, notamment les abeilles.
  3. * lvanPavlov(1849-1936) qui a introduit la notion de réaction conditionnée.
Depuis Konrad Lorenz (1903-1989) et Nikolaas Tinbergen (1907-1988). fondateurs de ces études sur le comportement animal, l'éthologie est devenue une science. Par des méthodes d'observation objective et comparative, ces chercheurs ont essayé de comprendre les comportements de l'animal à l'état sauvage, c'est à dire, à comprendre l'ensemble de ses mouvements.

L'observation de l'animal on liberté permet on effet une approche directe de celui-ci, c'est à dire non altérée par des conditions de vie on captivité. L'observation des animaux on captivité reste toutefois aussi une méthode qui peut apporter des avantages dans l'étude du comportement.

Trois exemples, pris parmi beaucoup d'autres, peuvent illustrer les affirmations ci-dessus chez le cheval. Dans son livre, Monty Roberts (8) décrit très bien ses séances d'observation de troupeaux de mustangs dans le désert du Névada. Ce sont ces observations qui lui ont permis d'apprendre le langage par signes entre les chevaux qu'il appelle l'Equus (langage silencieux). Il cite notamment l'éducation des poulains par la jument dominante d'un troupeau.

Daniele Gossin (4), pour étudier les possibilités cognitives du cheval, a opté pour deux démarches : confronter le cheval d'une part à l'image spéculaire (comporte ment du cheval face au miroir) et d'autre part au langage humain (la parole elle- même). Ces démarches constituent des expériences.

Un troisième exemple est fourni par l'étude du comportement animal après des situations de privations sensorielles (situations dans certains zoo, manèges,...). L'animal présente alors des troubles de comportement d'intensite variable selon les situations de privations: se balancer d'un pied à l'autre, développer des tics. se désintéresser de son environnement, manifester de l'hostilté   -ndlr voir Marthe Kiley Worthington à ce propos-

Il est très difficile d'étudier un autre être, ce qu'il est, ce qu'il fait et pourquoi il le fait. Les risques de transposer nos propres représentations humaines à des animaux, d'influencer l'animal observé sont on effet réels. La lecture humaine des animaux n'est donc pas sans risques de voir interpréter des comportements de l'animal à partir de nos propres sentiments humains, de nos désirs, de nos connaissances et de notre personnalité. Les animaux ne sentent ni n'agissent comme nous. Les dangers d'assimilation avec nos propres comportements sont grands. L'éthologue doit donc porter attention à l'interprétation abusive.

- Champs d'application de l'éthologie

Les champs d'application de l'éthologie sont nombreux. Je prends le risque d'être limitatif et de ne citer que quelques exemples d'application.

  • - L'étude des processus d'apprentissage (habituation, accoutumance, réflexe condi tionné, empreinte,...) par lesquels l'animal apprend, sous l'effet d'un stimulus, à faire ou à ne pas faire quelque chose;
  • - L'étude de la vie sociale des animaux (hiérarchie, distance, territorialité, division du travail,...);
  • - L'observation des signes de communica tion entre les animaux;
  • - L'observation des comportements explematifs, de jeu;
  • - L'observation des comportements sexuels, alimentaires, agressifs,...


Sans entrer dans les détails, je voudrais également exprimer que l'éthologie animale a développé des méthodes expérimentales, des modèles animaux qui permettent par fois de mieux appréhender l'homme lui même. L'éthologie peut donc aussi apporter une contribution méthodologique et thèorique a l'etude de I homme 'L'ethologie humaine est l'observation de l'homme dans ses comportements Par exemple, l'isolement social ou affectif (dans les villes, d'une famille,.. ). par comparaison aux situations de privations sensorielles chez l'animal, abîme aussi les developpements de personnalités chez l'homme tout comme chez l'animal. Tous les êtres vivants dans un environnement altèré se replient sur eux- mêmes, sur leurs comportements comme des animaux en captivité.

Conclusion
Par l'observation, l'éthologie étudie les comportements globaux qui caractérisent lanimal dans sa vie spontanée.
L'ethologie dabord est un acte d'observation (1). De nombreux maîtres, après l'observation des comportements du cheval, ont ainsi elaboré une approche de celui-ci plus naturelle pour son éducation. Il s'agit principalement de H. Blake, T. Dorrance, B. Gentili, R. Hunt, P. Parelli, R. Miller, M. Roberts, L. Telington, .. et bien d'autres.

Yves Bertrand
Ouvrages à consulter

1. Boris Cyrulnik Mémoire de singe et paroles d'homme Ed Hachette. 1993  
2. Boris Cyrulnik Les nourritures affectives Ed Odile Jacob 1993
3. Desmond M . Le cheval révélé Ed Calnann Levy 1997/
4.Gossuin D 'ouvrages :  Aptitudes mentales du cheval (1997) / Parler au cheval et être compris 1996 / Psychologie et comportement du cheval (1999) / Psychologie et comportement du cheval, 2ème édition 1999.Psychologie et comportement du cheval", Ed Mlaloine 4996
5, Mc Farland O , "Dictionnaire du comportement animal", Ed Laffont. 1990
6 Honlang M "Psychologie du cheval', Ed Paye 1989 
7 Lorenz K 'Les fondements de l'ethologie', Ed Flammanon 1984Lorenz K 'Les fondements de l'ethologie', Ed Flammarion 1984 L'agression : une histoire naturelle du mal de Konrad Lorenz . /L'envers du miroir de Konrad Lorenz . /Les oies cendrées de Konrad Lorenz, et al . 
8. Roberts M "L'homme qui sait parler aux chevaux" Ed Albin Michel; 1997
9. Tinhergen N ,"Le comportement animal', Col. Time Lite, 1968
10 Vavra P ,'La vie secrète des chevaux", Benedikt Tasohen Verlag 1998
 
 

avec la Collaboration de Cheval Evasion


Apprendre à “penser” cheval
par le Dr. Y. Bertrand
OBSERVER - COMMUNIQUER - NEGOCIER, pour une relation naturelle
 

L’observation patiente et quotidienne du cheval nous apprend son comportement naturel et les mille et un moyens qu’il a trouvés pour vivre paisiblement dans l’environnement, à l’intérieur d’un troupeau et aussi avec l’homme. Cette observation nous amène aussi “à penser et à réagir comme réagit et pense le cheval et lutter contre la tendance à doter l’animal de caractéristiques humaines. L’homme doit inverser le processus et, lorsqu’il dirige des chevaux, se mettre dans leur peau” (1).

Le cheval est un animal grégaire. Une vie sociale en compagnie d’autres chevaux ou animaux est donc importante pour son équilibre, comme si ce lien social avec d’autres lui était protecteur. Ce caractère est à prendre en compte dans notre relation avec lui.

L’inconnu représente, a priori, un danger pour le cheval, ce qui va amener une défense de sa part. Le cheval a, en effet, un statut de proie. A un danger, son réflexe sera donc la défense, notamment par la fuite.
En effet, par cette réaction de fuite, sa sensation de peur se trouvera diminuée.
Plus particulièrement du fait de son statut de proie ; l’homme est alors perçu par le cheval comme un prédateur et tout geste ou intention de geste brusque, agressif de l’homme est perçu comme un acte de prédation.
"Tout mouvement trop rapide ou contraignant peut réveiller son instinct de fuite et engendrer une réaction de panique" (2).
Monty Roberts répète aussi "qu’à la moindre occasion un cheval peut avoir envie de vous dire : je ne veux pas rester à côté de toi, je me sens en danger ; je veux m’éloigner de toi et prendre la fuite.
Un animal fuyard se préoccupe avant tout de sa survie et la peur est sa grande sauvegarde" (3).

Dans ce rapport proie-prédateur, la nécessaire relation de confiance entre le cheval et le cavalier pour un confort réciproque trouve donc toute sa pertinence.
"Comment cesser d’être un prédateur à ses yeux, un sujet de peur, pour passer de son côté" (3), voilà la meilleure manière d’avoir une relation naturelle avec le cheval.

Les chevaux jouent entre eux. Aussi, lors de son éducation, il est important que le cheval s’amuse.
Pat Parelli développe dans son livre les 7 jeux avec l’idée de base de jouer avec le cheval plutôt que de demander des obéissances absolues (4).
Le reculer, le pas de côté, le cercle, seller, sentir des objets, les mouvements de longe sur l’encolure ... sont autant de jeux d’apprentissage.
"Le jeu fait partie de la vie du cheval et il convient de l’y encourager" (2).

Ainsi donc, nier la nature du cheval et imposer sa volonté par la force, c’est aller au devant de difficultés dans la relation avec lui. Pat Parelli intègre ces lois de la nature pour connaître la façon de penser et de réagir du cheval (4). Prendre le point de vue du cheval, "être" dans la pensée du cheval, c’est le secret pour une relation très étroite avec lui. C’est respecter la nature du cheval.

Impossibilité de ne pas communiquer
Tout comportement du cheval a valeur de message.
En effet, dans son comportement naturel, le cheval émet beaucoup de signaux qui sont importants à capter, à observer. Des signaux tels que l’orientation des oreilles, le regard, les expressions faciales, la posture des membres, la présentation de la croupe, l’emplacement de l’encolure, les vocalisations ... sont des messages qui font le langage corporel du cheval.
Ainsi par exemple, les oreilles et les yeux peuvent témoigner de l’humeur du cheval.
Donc, par ces signaux indicatifs, le cheval communique et entre en relation.
Il établit un lien avec ses congénères, avec l’homme. Par ces signaux, il exprime aussi la nature de ses relations. Ainsi, par exemple, les gestes de toilettage mutuel en grignotant la crinière sont caractéristiques de relations d’amitié alors que lever un membre postérieur est caractéristique d’un avertissement, d’une impatience, d’une menace.
Le relèvement brusque de l’encolure, l’orientation latérale des oreilles raidies, le mouvement immédiat en avant sont caractéristiques d’inquiétude, de peur.
Voilà pourquoi, Henry Blake a essayé "de découvrir le sens des signes, des bruits et signaux divers dont nous voyons les chevaux se servir entre eux pour se communiquer leurs intentions et leurs désirs" (1).

Pour l’homme également, gestes, postures, intonations de voix... sont des messages qui ont signification pour le cheval et qui le mettent en relation de confiance ou de peur avec celui-ci. C’est le contexte de ces messages qui donnent signification au cheval.
Plus précisément et dans le même sens, Ray Hunt exprime: "He knows that you know and you know he knows" (5).

Par conséquent, toute situation, même intentionnelle, soit entre chevaux, soit entre le cheval et l’homme est une situation de communication qui engendre des comportements. L’homme a trop tendance à négliger les langages qui n’utilisent pas la parole et "le moindre mouvement d’un cheval a sa raison d’être. Tout a une signification et doit être pris en considération" (3).

Plus ou moins de la même chose
Lorsqu’une communication avec le cheval se révèle inefficace, la tendance naturelle du cavalier est très souvent d’augmenter l’intensité de sa demande. Cette réaction du "plus de la même chose" ne donne, en général, aucun résultat, fige la relation avec le cheval dans un cercle vicieux, crée l’escalade qui aboutit à l’énervement du cavalier et du cheval.

Ray Hunt, quant à lui, développe une stratégie du "moins de la même chose".
Par exemple : au lieu de s’acharner à garder immobilisé un cheval à l’arrêt en tirant de plus en plus sur les rênes ou en ayant non seulement des agressions mais des intentions agressives, Ray Hunt décourage le cheval de ce comportement par de petits cercles et laisse le cheval trouver lui-même la position confortable d’arrêt immobile: "Let your idea become the horse’s idea" (5). Ne pas se battre avec son cheval mais le laisser trouver tout seul. "Le cheval ne doit, en aucun cas, sentir qu’il est obligé de céder. Il doit avoir l’impression de décider. C’est la condition sine qua non du succès de l’opération qui nous garantira la coopération totale de notre partenaire équin" (2).

Le confort réciproque
Se réconcilier avec soi-même, se détendre mentalement avant d’aborder son cheval permet d’éviter un grand nombre d’erreurs. Si vous êtes nerveux, le cheval sera nerveux. Si vous êtes calme, il sera également tranquille. Le cheval "devient le reflet de nos émotions et de nos sentiments" (1). Et Ray Hunt d’ajouter "you’re not working on the horse, you’re working on yourself" (5). Le cheval est bien si son cavalier est bien. Il sent que nous contrôlons nos émotions. Pat Parelli insiste donc sur la nécessité de se contrôler d’abord avant de contrôler le cheval (4).

Conclusions
Les différents auteurs cités m’interpellent par les enseignements qu’ils donnent pour l’éducation du cheval.
Je fais deux constations:

- En me servant de ces enseignements avec mes chevaux, je retire confort, respect et créativité.
- Dans ces enseignements , je constate aussi des messages qui devraient trouver écho dans l’éducation des enfants. En effet, des méthodes éducatives réduisent encore la personnalité d’enfants par leur agressivité, au lieu de laisser éclore la spontanéité, la créativité dans une relation naturelle et de mise en confiance.
Ces auteurs apportent donc un autre sens à l’équitation: la relation naturelle et la confiance mutuelle entre l’homme et le cheval. Ils nous font rejeter les termes de soumission, domination, obéissance, contrainte dans l’exigence de discipline et de performance.
C’est l’observation du cheval, et donc sa connaissance, qui ont permis à ces auteurs d’arriver à négocier avec lui de façon naturelle et paritaire.
Par rapport aux méthodes conventionnelles d’éducation du cheval, cette approche nouvelle, éthologique, génère moins de résistances et de conflits entre le cheval et le cavalier.
Quelles leçons de vie !

Ouvrages à consulter
(1) Blake Henry, Je parle aux chevaux...ils me répondent, Zulma, 1997
(2) Gentili Bino, Franchini Maria, La méthode Gentili, Zulma, 1997
(3) Roberts Monty, L’homme qui sait parler aux chevaux, Albin Michel, 1997
(4) Parelli Pat, Natural Horse-Man-Ship, Western Horseman Book, 1993
(5) Ray Hunt, Think harmony with horses, Milly Hunt, 1987
 
 

avec la Collaboration de Cheval Evasion



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le cerveau du cheval 
1 ANATOMIE  2 EVOLUTION
par le Dr. Y. Bertrand

LE CHEVAL AUSSI UN CERVEAU!
Le système nerveux, chez le cheval comme chez l'homme, se subdivise en système nerveux central et système nerveux périphérique. Il contrôle, règle, module l'activité de toutes les parties du cheval. il permet ainsi les réactions mentales, émotionnelles et physiques du cheval. Dans ce système, le cerveau et la moelle épinière constituent le système nerveux central, les nerfs périphériques constituent le système périphérique. L'article que je vous propose ne porte que sur une partie restreinte du système nerveux, à savoir le cerveau du cheval. Il en donne une description anatomique générale.

QU'EST LE CERVEAU  OU L'Encéphale?

L'encéphale est toute la partie du système nerveux central qui est situé dans la boite crânienne, la moelle épinière étant quant à elle logée tout le long de la colonne vertébrale. Chez l'animal comme chez l'homme, l'encéphale ou cerveau comporte d'avant en arrière trois parties

Schéma 1: Cerveau du cheval - vue supérieure
Schéma 2 : vue latérale externe
 

1. Les deux hémisphères cérébraux gauche et droit. Ils sont subdivisés en régions qui sont appelées frontales, pariétales, temporales et occipitales (schéma 2). Ces hémisphères sont aussi réunis l'un à l'autre par un important faisceau de fibres nerveuses qui s'appelle le corps calleux. Celui-ci assure les connexions fonctionnelles entre les hémisphères gauche et droit. Chaque hémisphère ne fonctionne donc pas indépendamment de l'autre.
Il y a une orchestration indispensable entre les deux

2. Le cervelet responsable de la coordination des mouvements et de l'équilibre

3. Le tronc cérébral siège des fonctions vitales (fonction respira toire, fonction cardiaque,...) et trait d'union entre le cerveau et la moelle épinière.

Le cerveau est relié à tout le corps par des fibres nerveuses qui sont elles-mêmes regroupées dans des nerfs. L'ensemble de ces derniers forme le système nerveux périphérique. Chaque organe du cheval est ainsi connecté au cerveau par l'intermédiaire de ces nerfs.

La photo légendée par le schéma 3 montre la face intérieure d'un hémisphère cérébral après une section en deux du cerveau au niveau du corps calleux. Sont ainsi visibles les hémisphères cérébraux, le cervelet, le tronc cérébral et le corps calleux. A noter la présence de bulbes olfactifs bien développés ce qui est une indication de la sensibilité du cheval aux odeurs.

Schéma 3 Cerveau du cheval - vue latérale interne âpres section au niveau du corps calleux
LE CERVEAU DU CHEVAL

Le cerveau du cheval se trouve dans la boite crânienne qui est elle- même située au-dessus du chanfrein de part et d'autre des oreilles. Il pèse environ 500 gr. Exprimé en pourcentage du poids moyen du corps d'un cheval adulte, il représente environ 0,1 %. Les hémisphères cérébraux ont une longueur de 12 à 13 cm et une largeur de 5 cm. Le cervelet pèse 70 gr. Et a une longueur de 5,5 cm et une largeur de 6 cm. Pour comparaison, le cerveau de l'homme adulte pèse environ 1500 gr., soit 2% du poids moyen du corps. Il mesure environ 15 cm de l'avant à l'arrière des hémisphères cérébraux.

Une section du cerveau (voir photos) permet de distinguer des régions sombres ou grises et des régions claires ou blanches. Les régions sombres constituent la substance grise du cerveau et correspondent en grande partie à une accumulation de cellules nerveuses Par contre. les régions claires constituent la substance blanche du cerveau et correspondent aux fibres nerveuses qui sont les prolongements des cellules nerveuses.

Le cerveau est enveloppé d'un manteau de substances grise (voir photos) qui s'appelle le cortex cérébral. Il s'agit d'une écorce plissée qui représente une accumulation de cellules nerveuses dis posées en couches et qui a une épaisseur de quelques millimètres. Ce cortex cérébral possède d'une part des aires ou régions sen sorielles qui sont importantes dans la réception et l'interprétation de signaux envoyés au cerveau par les différents organes de sens (ex. L'aire auditive qui réagit aux sons, l'aire tactile qui réagit au toucher,...) et d autre part des régions motrices qui jouent un rôle dans le contrôle des mouvements.

Sous le cortex, se trouvent de petites structures (thalamus, hypothalamus,...) de substance grise qui jouent un rôle capital dans les comportements vitaux : alimentation, boisson, comportement sexuel, sommeil, régulation de la température, comportement hormonal,...). Le système limbique notamment représente une partie de ces structures importantes dans le contrôle des comportements affectifs, émotionnels du cheval.

POURQUOI UN CERVEAU?

Le cerveau est en quelque sorte le centre décisionnel de l'organisme du cheval. C'est dans le cerveau que remonte l'essentiel des informations que le cheval réceptionne, utilise et gère pour adapter son comportement et répondre à ses besoins. Les mouvements, les perceptions, les réactions... sont donc tous le produit du fonctionnement du cerveau.

MÊME UN CERVEAU ADULTE APPREND ET S'ENTRETIENT

L'environnement du cheval, son comportement, ses conditions de vie, l'attitude du cavalier,... exercent une influence sur l'activité et les capacités du cerveau. Les relations entre le cerveau, l'environnement et le comportement sont en effet réciproques. Le cerveau possède de remarquables capacités d'adaptation pour apprendre et améliorer son fonctionnement. Alors, ne privons pas notre cheval de ses capacités à évoluer, notamment par des privations sensorielles (prairies, lumière, saisons,...). Notre comportement peut influencer en bien ou en mal les capacités du cerveau à apprendre, à décider d'une action ou à résoudre un problème, particulièrement chez le tout jeune poulain dont le cerveau est en développement. 
Les articles ultérieurs développeront ces aptitudes cérébrales du cheval...

ÉVOLUTION du  CERVEAU
 

~ DONNÉES SCIENTIFIQUES & CROYANCES
 

Il n'est pas rendre de rencontrer les affirmations suivantes

  1. Il y a deux chevaux en un : Un cheval droit et un cheval gauche fiable et un cheval droit imprévisible faisant ainsi référence aux deux hémisphères cérébraux L hémisphère gauche pour la logique.  L hémisphère droit pour l'instinct" 
  2. Ne jamais monter un cheval qui utilise L hémisphère droit (instinct de fuite) et apprendre dabord au cheval à utiliser son cerveau gauche":
  3. Le cheval a deux consciences visuelles
  4. Le cheval ne  pense pas il réagit instinctivement
  5. Il y a non communication des deux hémisphères cérébraux du cheval
Ces affirmations ne sont pas scientifiquement fondées. Un regard sur l'histoire de l'évolution des mammifères aux hominidés (particulièrement l'évolution du cerveau) et sur la place du cheval dans cette histoire est une façon d'apporter des arguments contre ces dérives dans l'analyse du comportement du cheval.

A. La classe des mammifères

1. Les équidés

La classe des mammifères comporte plusieurs subdivisions ou ordres tels que les rongeurs, les carnivores, les insectivores .. les ongulés (éléphant, boeuf, antilopes. . -) et les primates (les prosimiens, les singes anthropoïdes. les hominidés). Les mammifères sont des animaux caractérisés par la production de lait de glandes mammaires de la femelle.

Le cheval fait partie de la classe des mammifères. Dans cette classe, il appartient à l'ordre des ongulés: l'extrémité des doigts est recouverte d'un sabot et les membres reposent sur la dernière phalange. Dans l'ordre des ongulés, le cheval fait partie de la famille des équidés. Celle-ci comporte actuellement cinq genres dont le genre Equus est notre cheval actuel.

L'évolution de la famille des équidés a commencé au début de l'ère tertiaire, ii y a environ 60 millions d'années. Le genre Equus est apparu ii y a environ 4 millions d'années. Le cheval n'a cependant été domestiqué que plus tardivement, les premières traces de domestication datant de 5.500 ans à  6.000 ans. II ne deviendra une monture que lors de l'âge du fer, c'est à dire à la fin de la préhistoire.

 Évolution du poids du cerveau chez certains mammifères adultes

poids total du cerveau en gr

Souris Mouton Chimpanzé Cheval Homme Éléphant
0;5 100 400 600 1400 5000

2. Poids total du cerveau   exprimé en pourcentage du poids du corps
 
 

Cheval Éléphant Mouton Chimpanzé Souris Homme
0,12 0,2  0,25  0,95  2,08  2,33

3. Facteur d'encéphalisation 
 

Souris Cheval Mouton Eléphant Chimpanzé Homme
0.06 0.07 0.07 0.19 0.26  0,71

Le facteur d'encéphalisation est obtenu par le rapport suivant poids du cerveau gr/ (poids dv corps gr0'69 ) Ce facteur fournit une indication sur le volume dv cerveau apte à développer des fonctions cognitives (apprentissage, .+.). L'indice du dauphin se situe entre celui de l'homme et celui du chimpanzé.
 

2. Les primates et les hominidés

Dans la classe des mammifères, se retrouve également I'ordre des primates. Ceux-ci apparaissent au début de l'ère tertiaire (environ 70 millions d'années). Parmi ces primates, se retrouvent notamment les pongidés ou singes anthropoïdes (chimpanzé, gorille et orang-outan) et les hominidés (australopithèques, homos).  L'hominidé est la famille des primates bipèdes (qui marchent debout), c'est à dire des austratopithèques comme Lucy (3 millions d'années) et ensuite des hommes (2.5 millions d'années) 

B. Évolution du cerveau

L'étude de l'évolution des êtres vivants sur des millions d'années. des premiers mammifères à l'homme (homo sapiens sapiens) a permis d'observer une tendance générale du cerveau t augmenter de volume globalement et au profit de régions cérébrales spécifiques (voir tableau ci-dessus : Évolution du poids du cerveau).

Chez les mammifères, cette augmentation s'est essentiellement réalisée au profit des hémisphères cérébraux et du cervelet. Ainsi, contrairement aux oiseaux et aux reptiles, seuls les mammifères ont développé un néocortex avec 6 couches de cellules. Ce néocortex représente plus de la moitié du volume du cerveau chez les mammifères les plus évolués (68% chez le gorille, 72% chez le chimpanzé, 76% chez 'homme).

L'évolution des hominidés (les humains) a vu également l'accroissement de la capacité crânienne par la croissance progressive du cerveau et du cervelet. De plus et surtout, la performance fonctionnelle du cerveau s'est accrue ce qui a permis notamment la démarche bipède, les mouvements raffinés de la main, l'élaboration du langage, l'émergence de la conscience

Une des particularités du cerveau humain par contraste avec les autres mammifères est son asymétrie anatomique et fonctionnelle. A titre d'exemple, de larges parties de l'hémisphère gauche sont spécialisées dans la production et la compréhension du langage, dans l'écriture et la lecture. L'hémisphère droit est plus spéciale-ment impliqué dans l'orientation dans l'espace, dans la détection des formes visuelles et dans les connaissances musicales. L'hémisphère gauche est plus dominant pour les processus, logiques, analytiques et le droit pour les processus holistiques.

L'assymétrie du cerveau est donc le propre de l'homme de même que l'absence de réseau admirable, les singes ayant encore des cerveaux symétriques. Le néocortex ancien ayant gardé son fonctionnement symétrique, il n'y a donc aucune logique à impliquer chez le cheval un des deux hémisphères dans une fonction spécifique comme affirment certains des nouveaux maîtres. 

Mais même chez 'homme, il est fondamental d'attirer l'attention sur le fait qu'un hémisphère cérébral n'est jamais le seul à intervenir dans une fonction mais il semble seulement être plus lié, impliqué dans cette fonction. En effet, les grandes fonctions du cerveau restent largement réparties sur L'ensemble des deux hémisphères cérébraux A ce titre, il est aussi important de rappeler la présence de la structure du corps calleux tant chez 'homme que chez le cheval. Cette structure réalise une véritable connexion entre les deux hémisphères cérébraux qui communiquent entre eux. Affirmer qu'il n'y a pas  de communication entre les hémisphères cérébraux chez le cheval est totalement faux.

L'évolution vers une asyméirie du cerveau a bien sûr des significations : elle permet notamment à l'homme l'accroissement en potentialités du néocortex sans trop d'augmentation du volume cérébral. L'asymétrie a donc permis de ne pas construire plus de néocortex avec des activités symétriques mais au contraire de développer une tendance gauche ou droite pour différentes fonctions. Cet aspect n'existe pas chez le cheval. 

N'attribuons donc pas au cheval des caractéristiques du cerveau humain. 

Expliquer les comportements du cheval  antropomorphiquement entraîne des erreurs et de la confusion
 

Glossaire
 

  • Australopithèque : genre de primates proches de l'homme (bipédie imparfaite). Ce terme signifie singe (pithèque) du sud (austral).
  • Corps calleux ensemble de fibres nerveuses assurant des connexions fonctionnelles bidirectionnelles entre les hémisphères droit et gauche.
  • Cortex cérébral: manteau  de cellules nerveuses enveloppant toute la surface des hémisphères cérébraux.
  • Hominidés famille des primates bipèdes.
  • Homo sapiens : premier homme moderne datant d'environ 100.000 ans. 
  • néocortex partie du cortex cérébral la plus récente sur le plan évolutif.
  • Processus analytique processus détaillé (vision détaillée, précise, séquentielle des choses>
  • Processus holistiques processus global (vision globale, générale des choses).
Ouvrages à consulter
  •  Fraser A.F, The behaviour of the horse Ed. Cap International. 1997 
  • Gossin D., Psychologie et comportement du cheval, Ed. Maloine, 1996
  • Mills D.. Nankervis K.. Equine Behaviour : principles and practice. Ed. Blackwell Science, 1999
  • Bertrand Y. Le cheval a aussi un cerveau,  Cheval Evasion avril 1999
  • Eccles J.C. Evolulion du cerveau et création de la consdence, Ed. Flammarion, 1994
  • La Recherche  : L'hisicire de la vie, 3 milliards d'années d'évolution, Mars 1997
  • Pernaud-Orliac J. Petit guide de la préhisioire, Ed. Sevil, 1997
  • Rosenzweîg, Leiman, Breediove Psychobiologie, Ed. De Boeck, 1998
  • Vauclair J .:L'intelligence de l'animal,Ed. Seul, 1995
avec la Collaboration de Cheval Evasion

 



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Privations sensorielles et conséquences chez le cheval
par le Dr. Y. Bertrand

L'animal émet et capte des signaux. Il est ainsi continuellement en interaction, en communication avec le monde extérieur. Cette interaction s'établit par le biais d'organes des sens ou systèmes sen soriels périphériques. Ces systèmes sensoriels (l'oeil, l'oreille, le bulbe olfactif, le poil,...) permettent à l'animal de percevoir l'environnement par la vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat et le goût. Les informations alors reçues par ces sens cheminent vers le cerveau qui les "utilisent".

Le cheval dispose aussi de ces 5 sens. Ses systèmes visuel, audi tif, tactile, olfactif et gustatif lui permettent ainsi de détecter de la nourriture, de reconnaître un partenaire, de percevoir un danger, de se situer dans l'espace, de voir de loin un mouvement.

Le comportement du cheval, c'est à dire l'ensemble de ses mouvements et de ses attitudes, est donc étroitement lié à cet équipement sensoriel et surtout a l'expérience acquise par celui-ci au cours de stimulations variées de la naissance à l'âge adulte. La stimulation de cet équipement sensoriel par des éléments de l'environnement (par exemple le vent, la température, le degré d'illumination, les saisons, le territoire, des congénères...) donne au cheval la capacité d'adapter ses comportements (tels qu'alimentaires, sociaux, sexuels, d'éveils, d'agressivité...) en fonction des modifications qui surviennent autour de lui.

Les stimulations sensorielles
 

Les organes de sens sont des récepteurs sensoriels qui captent continuellement des stimuli du milieu extérieur. Ces stimuli peuvent être:

  • · visuels un geste, un mouvement, une posture, un objet, une forme, une couleur, la lumière, l'ensoleillement...;
  • · sonores : un bruit, des vibrations, les vocalisations équines...;
  • · tactiles : les gestes de toilettage mutuel, le mordillement de la crinière, le léchage du poulain par la mère, les frottements contre un tronc, l'allaitement...;
  • · olfactifs le reniflement mutuel, l'odeur de la nourriture ou de sub stances odorantes, l'odeur d'un crottin ou de l'urine, les odeurs sexuelles...,
  • - gustatifs: le goût d'une substance ingérée...;
Ces stimuli ou signaux sensoriels constituent des éléments qui non seulement exercent des effets sur le comportement du cheval mais qui également le structurent. Ainsi par exemple, pour qu'il y ait perception de l'espace par le cheval, il doit non seulement faire appel à tous ses sens mais il doit aussi pouvoir bouger. Pour qu'il y ait apprentissage social, il faut que le cheval ait des contacts sociaux. que le cheval ait un attrait agréable pour la nourriture qui lui est présentée. Pour qu'il y ait éveil, affection, il faut que le cheval soit en présence de facteurs d'éveil. Pour qu'il y ait parades amoureuses, il faut des signaux visuels et olfactifs. Pour qu'il y ait une réaction de défense, il faut des signaux d'alertes.

CHEZ LE CHEVAL ADULTE
Le cheval a donc besoin de stimula tions sensorielles. Elles ont un rôle déterminant, essentiel dans son comportement.

La seule présence de ces stimulations sensorielles ne suffit pas toujours à déclencher un comportement. Il faut encore que le cheval leur donne ou apprenne à leur donner une certaine signification afin qu'il puisse décider d'un comportement adapté.

Des situations de Privation sensorielles

Les situations de privations sensorielles sont des situations de déficit en informations sensorielles. Le cheval se retrouve alors dans des contextes hypostimulants. Ainsi par exemple, l'isolement, la restriction de l'espace en boxes, l'obscurité, le silence, le manque de mouvements récréatifs, l'absence de rythmes nycthémérals, l'absence de cycles saisonniers, l'absence de contacts sociaux.. sont des situations d'hypostimulation sensorielle qui, surtout si elles sont accumulées et prolongées, perturbent le cheval.

Chez l'animal comme chez l'homme, il est en effet bien connu que des situations de privations sensorielles génèrent des troubles de comportement. Un animal placé dans un milieu artificiel présentera des comportements anormaux dus à la privation des différents stimuli composant son milieu naturel. Ces troubles de comportement peuvent d'ailleurs parfois se transposer à l'humain. Ils se présentent de différentes manières

un comportement stéréotypé tel que le balancement rythmique d'un pied sur l'autre, le frottement rythmique contre les murs, le claquement des lèvres... Le comportement stéréotypé est un comportement, un acte identique qui se répète parfois jusqu'à l'épuisement Il faut bien souvent une intervention extérieure stimulante (la nourriture, un bruit...) pour arrêter ce comportement.

Un comportement social perturbé. Ainsi, après une absence prolongée de contacts sociaux, la rencontre avec un autre congénère peut devenir source d'inquiétude entraînant un comporte ment d'énervement, parfois même d'agression ou de fuite.

un comportement anxieux. Après un isolement, le cheval peut être incapable de supporter le contact avec certain stimuli (le bruit ) En présence de ces stimuli, il manifeste alors une attitude d'évitement , de fuite ou d'agression par peur. Dans certains cas, cet état anxieux évolue même vers une réelle phobie devant certains stimuli.

· un comportement dépressif ou une attitude de repli. Le cheval refuse tout mouvement en avant, ne présente plus de curiosité ou d'expressivité émotionnelle. Il ne présente plus de comportement exploratoire. Le cheval s'ennuie alors qu'il est un animal particulièrement curieux.

· un comportement sexuel ou hormonal perturbé. Un changement de décor, l'absence de lumière,... sont des facteurs qui influ encent un comportement sexuel et génère des troubles hormonaux.

Anecdotes :
Blake cite dans son livre (1) l'histoire suivante : "Un des poneys s'était cogné un oeil et il courait le risque de rester aveugle, il fallait le garder au box dans le noir Ce que nous fîmes pendant une quinzaine de jours. Vers le troisième jour, je remarquai qu'il de ve naît particulièrement irritable. Une semaine plus tard, il était carré ment fouet se ruait vers la sortie chaque fois que nous ouvrions la porte. Quand son oeil fut guéri il était devenu franchement cinglé mais dès qu'il fut en mesure de sortir une petite heure au crépuscule, son humeur se stabilisa. Puis on le fit sortir progressivement, de plus en plus longtemps à la lumière du jour Au bout d'une semaine, il avait retrouvé un comportement parfaitement normaL A l'époque, j'attribuai ce comportement au fait qu'il avait été privé de lumière".

Personnellement, j'ai connu un cheval qui était maintenu en permanence en box et lumière artificielle dans un manège. A chaque sortie, dès qu'il entendait le pas d'un autre cheval ou voyait un autre congénère, il s'énervait, levant la tête très haute, prenant brutalement le trot ou le galop, se cabrant légèrement dans un attitude de dominance. Libéré en prairie avec des congénères, ce comportement parfois dangereux a complètement disparu après quelques semaines.  Ces deux exemples confirment l'importance du milieu naturel et social car le cheval a besoin de stimulations mentales. 

H. Blake définit ces besoins en stimulations mentales du cheval en 4 catégories

· les besoins physiologiques : la nourriture et l'eau;

· les besoins naturels : mouvement, lumière et stimuli de l'envi ronnement;

· les besoins sociaux : présence des congénères, communication;

· les besoins acquis par le contact avec l'homme.

Conclusion

Les stimulations sensorielles permettent au cheval communication et apprentissage. Les atténuer ou les abolir non seulement empêchera le développement sensoriel du cheval mais surtout entraînera des déviations de comportement par manque de communication, d'apprentissage, de sociabilité.

Pour le cheval, le fait de vivre dans un milieu naturel et social est donc essentiel. Il reçoit ainsi des informations du monde extérieur, informations qui lui sont fournies par ses organes des sens. C'est par ces informations qu'il pourra au mieux s'adapter à l'environnement en fonction de ses besoins.
Y. Bertrand.
 
 

Ouvrages à consulter
(1)  Blake Henry, Pensez Cheval, Zulma, 1997
(2) (3)Cyrulnik B Menoire de singe et paroles d'homme', Ed Hachette. 1933 /  'Les nourritures affectives', Ed Odile Jacob 1993
(4) J. Goldberg + " Les sociétés animales - Communication, hiérarchie, territoire. sesualité" Ed Dalachaud et Nestlé, 1998

avec la Collaboration de Cheval Evasion

 


Le goût chez le Cheval
par le Dr. Y. Bertrand

LE SENS DU GOÛT
La bouche du cheval est Un moyen de communication à la fois tactile et gusta tif. Les lèvres et la langue permettent en effet de toucher, de goûter et donc d'en trer en contact avec la nourriture, l'eau, les objets, un congénère,.. - Lèvres et langue transmettent donc des sensa tions tactiles et gustatives. A ces sensations s'ajoutent aussi les sensations olfactives il existe en effet une interac tion quasi constante entre l'olfaction et le goût. Le cheval goûte et renifle sa nourriture. Toutefois, par souci de clarté, l'article portera uniquement sur le goût, sens chimique qui joue un rôle important dans le comportement de l'animal.

LE SYSTEME GUSTflTIF

A sa surface supérieure, la langue est hérissée de papilles ou petites pro tubérances. Ces papilles ont des caractéristiques différentes selon les régions de la langue, ce qui permet d'en distinguer trois sortes :

- les papilles fungiformes situées à l'avant de ta langue

- les papilles caliciformes situées à l'arrière de la langue

- les papilles foliées situées sur les côtés de la langue

Les substances chimiques (nourriture,...) sont reconnues, goûtées par la langue grâce à la présence sur celle-ci de bour geons gustatifs. Ces bourgeons du goût sont eux-mêmes localisés dans des papilles présentes à la surface de la langue. Ils sont constitués de cellules réceptrices des stimulations chimiques. Ces cellules ont en effet de fins cils qui se terminent dans l'ouverture, le pore des bourgeons où les aliments viennent en contact. En présence de ces aliments, ces cellules gus tatives transmettent alors les informations chimiques vers plusieurs nerfs. Par ceux- ci, ces mêmes informations gustatives sont ensuite véhiculées vers plusieurs régions du cerveau, notamment le cortex cérébral, certains noyaux du tronc cérébral et le thal amus. Le système gustatif s'étend donc des cellules réceptrices de la langue au cor tex cérébral.

L'homme distingue quatre sortes de goûts de base le sucré, le salé, l'amer, l'aigre. Il est probable que le cheval détecte également ces quatre mêmes goûts fondamentaux.

LES FONCTIONS DU GOÛT

Le goût permet au cheval de sélectionner la nourriture. Le cheval a en effet des préférences dans les aliments, préférences qui peuvent varier d'un cheval à l'autre. J'ai personnellement connu un cheval capable de laisser dans sa mangeoire la quantité presque exacte de poudre blanche, non odorante mais à goût acide, tout le reste étant intégré. Le cheval peut donc opérer une sélection consciente selon le goût. l'aspect. la consistance de la nourriture qu'il ingère Tout le monde sait qu'il y a des zones dans une prairie où le cheval ne mange pas.

Le goût donne une information sur la valeur nutritionnelle des aliments. Intuitivement et par expérience, le cheval sait d'une part ce qui est bon et d'autre part ce dont il a besoin. La sensation gustative joue ainsi un rôle de contrôle sur la qualité de la nourriture. Par exemple, un goût amer peut avertir le cheval de la présence de toxiques De même, l'absence de certains éléments nutritifs peut l'inciter à manger des écorces de la terre,... Le cheval peut donc discerner ce qui est nocif pour lui et savoir Si sort régime est équilibré.

Le goût régule la digestion en influençant

physiologie gastro-intestinale, par exemple en stimulant la sélection d'enzymes nécessaires à la bonne digestion des aliments.

Le goût a aussi une fonction d'apprentissage chez le jeune cheval, apprentissage de ce qui peut être ingéré ou rejeté. Par exemple, un jeune cheval apprend à goûter et donc à manger des carottes, des betteraves, certaines plantes,... Cet apprentissage se fait notamment par imitation de ses congénères.

COMPORTEMENT ET GOÛT

Les stimulations gustatives et/ou olfactives peuvent provoquer chez le cheval un comme portement d'attraction ou de fuite. En effet, en ' sentant " les aliments, les objets, les autres,... par le goût et/ou l'odorat, le cheval peut avoir d'une part des manifestations d'envie, de goût (le cheval tape de l'an térieur, mange goulûment,...) ou d'autre part des manifestations de refus, de dégoût, d'attitude dubitative.

Les chevaux ont entre eux un langage gus tatif que l'on retrouve à travers l'allaitement, le léchage, le toilettage,... Ils se goûtent entre eux. Le goût intervient donc aussi comme les autres sens dans la communica tion entre les chevaux pour se reconnaître, s'attirer, s'accoupler. A titre d'exemple, le poulain tète, suce et joue de sa bouche avec les mamelles de la jument. Goulu, il s'en abreuve et les goûtent. La jument, quant à elle, sent le poulain, le touche et le lèche. Elle reconnaît son poulain en le goûtant et en le flairant.
 

En guise de conclusion de ce survol sur le sens du goût, je ne peux que répéter reconnaissons et respectons les 5 sens du cheval afin d'éviter les privations sensorielles sources de comportements difficiles.

Yves Bertrand

Ouvrages à consulter
(1) Mill V. and Mankervis K, Equine behnaviour: principles and practise Ed blackwell Science 1999

avec la Collaboration de Cheval Evasion

 


L'odorat
par le Dr. Y. Bertrand
Chez l'homme, le sens de l'odorat a été relégué à un rôle secondaire au fur et à mesure de son évolution socio-culturelle. L'olfaction de l'homme est donc devenue un moyen de communication qui souvent lui échappe. Par contre, chez le cheval, l'odorat est un sens fondamental pour la communication avec son environnement.

1. Les odeurs pénètrent dans les cavités nasales profondes du cheval à chaque instant au cours de sa respiration, mais aussi spécialement lorsque le cheval renifle pour sentir. Sur leur surface interne, les naseaux sont tapissés par une muqueuse formée de cellules olfactives qui captent ces odeurs. Ces cellules acheminent les signaux chimiques olfactifs par l'intermédiaire du nerf olfactif vers une structure complexe appelé bulbe olfactif (1). Le bulbe olfactif, particulièrement développé chez le cheval, véhicule les informations olfactives vers le cortex cérébral (conscience) et cer taines régions du système limbique (réactions, émotions) (1).

2. Les cavités nasales communiquent également avec la cavité buccale, ce qui permet une interaction entre les deux sens que sont l'olfaction et le goût.

3. L'organe voméro-nasal est un organe tissulaire (+12 cm de long) situé de part et d'autres de la cloison nasale située entre les deux naseaux. Cet organe est innervé par les fibres sensorielles du nerf olfactif qui communiquent au niveau du cerveau avec les régions du système limbique. Cet organe, aussi appelé l'organe de Jacobson, présent chez la plupart des mammifères, est particulièrement développé chez le cheval. Il est spécialisé dans la détection de phéromones.

4. Les phéromones sont des substances chimiques sécrétées à l'extérieur de l'animal et détectées par un autre animal de la même espèce. Elles transmettent donc des informations entre individus d'une même espèce. Elles sont aussi responsables d'une interaction entre les chevaux et peuvent avoir soit un effet stimulant sur le comportement sexuel, soit un effet déclenchant l'alarme, soit un effet favorisant la reconnaissance et l'attraction entre congénères.... De nombreuses odeurs sont émises dans les urines, les faeces, les glandes cutanées et génitales. L'odeur est déposée soit sous forme volatile dans l'air, soit sous forme de sécrétion sur le sol ou toute autre surface entraînant un marquage odorant. Ce marquage est un moyen de communication dont les fonctions restent toutefois incertaines. Ainsi, devant un crottin, le cheval souvent s'arrête, renifle, montre de l'intérêt, mais quelle en est la signification?

5. L'organe voméro-nasal est important dans le contrôle et la coordination de l'activité sexuelle. Dans ce sens, le flehmen est un processus olfactif intervenant essentiellement dans l'activité sexuelle: le cheval lève la tête, retrousse la lèvre supérieure découvrant l'organe voméro-nasal dont l'entrée des conduits se trouve dans le dôme du palais.
 
 

A quoi sert le sens de l'odorat ?

Le comportement du cheval dépend énor mément du sens de l'odorat permettant ainsi, à titre d'exemple, les réactions sui vantes:

- le choix, la sélection ou le refus de nourri ture ou toute autre substance;
- la détection d'une alerte (odeur d'un prédateur, odeur de fumée,...);
- la reconnaissance et la distinction par une jument de son poulain;
- l'identification naseaux contre naseaux entre deux chevaux soit pour s'apprécier. soit pour s'agresser;
- la reconnaissance d'un congénère à distance par les phéromones; etc...

Le sens de l'odorat est donc un moyen de communication pour recevoir, "interpréter et réagir à des informations sur l'environnement. Fuite ou attirance, attraction sexuelle ou rejet, reconnaissance ou identification d'un congénere, attachement ou éloignement de certains lieux, alimentation ou refus, dominance ou soumission. ... sont ainsi autant de comportement régulés par l'olfaction qui permet la survie de l'animal et de son espèce. Ce que le cheval renifle a donc une influence directe sur son comportement.

Yves Bertrand
Ouvrages à consulter
(1) Y Bertrand le cheval a aussi un cerveau. ChevaI Evasion  avril 1999
2 Mc Farland Dictionnaire du comportement animal Ed Laffont 1990
3) Mill V. and Mankervis K, Equine behnaviour: principles and practise Ed blackwell Science 1999
4) Rosenztveïg Leiman, Breedlove. Psychobiologie de Boeck Université 

avec la Collaboration de Cheval Evasion

 


Les perceptions visuelles et leurs implications 
par le Dr. Y. Bertrand

Le champ visuel...

Un champ visuel est I'espace dans lequel la rétine d'un oeil immobile perçoit des rayons lumineux. C'est la surface entière qu'un animal peut voir sans bouger la tête ni les yeux. De cette surface, chaque oeil en couvre une partie qui constitue son propre champ visuel.

Dans le cadre de cette définition, le cheval a un champ visuel global (pour les deux yeux) qui est panoramique (de 330 a 350 degrés) et donc plus grand que celui de l'homme
 
 

Toutefois, contrairement à l'homme, ce champ de vision est essentiellement monoculaire (regarder d'un oeil), soit environ 150 degrés de vision monoculaire de chaque côté. La vision binoculaire du cheval ne couvre donc qu'un champ visuel réduit de 30 à70 degrés alors que l'homme a un champ de vision binoculaire de 140  à 160 degrés  et un champ de vision monoculaire réduit.

La position des yeux placés de façon saillante et sur les côtés de la tête (Schéma 1 explique le vaste champ visuel du cheval et son faible champ de vision binoculaire.)

Malgré ce vaste champ visuel, le cheval a deux zones aveugles  il ne peut en effet pas apercevoir ce qui se trouve juste devant lui (â courte distance du bout du nez), au niveau du chanfrein et du front ainsi que ce qui se trouve derrière la tôle et 'encolure .

2. La rétine et le champ visuel

Dans chaque oeil, la rétine est considérée comme la surface réceptrice des signaux visuels (lumière, forme, couleur et déplacement des objets).  Les objets situés dans le champ visuel gauche du cheval se forment sur la rétine nasale de l'oeil gauche et sur la rétine temporale de l'oeil droit. (point A du Schéma 1). Les objets situés dans le champ visuel droit du cheval (point B du Schéma 1) se forment sur la rétine nasale de l'oeil droit et la rétine temporale de l'oeil gauche.
 

3. Les voies nerveuses et le champ visuel

La rétine envoie les informations visuelles vers les zones ou aires visuelles du cerveau par l'intermédiaire d'un nerf qui s'appelle le nerf optique. Les aires visuelles du cerveau se trouvent â la partie postérieure de celui-ci.
Chez le cheval, le nerf optique provenant de chaque oeil a lui-même deux faisceaux ou groupes de fibres nerveuses

  • - un faisceau plus important est issu de la partie nasale ou interne de la rétine (Schéma 1). Ce faisceau se dirige vers l'hémis-phère cérébral opposé Par exemple, pour l'oeil droit, la partie nasale de sa rétine qui reçoit de la lumière du champ visuel droit communique avec la zone visuelle de l'hémisphère  cérébral  gauche  (côté opposé). Il y a donc pour l'exemple choisi un croisement des fibres nerveuses de l'oeil droit vers l'hémisphère cérébral gauche.
  • - un autre faisceau plus petit est issu de la partie temporale ou externe de la rétine (Schéma 1). Ce faisceau se projette du même côté du cerveau. Par exemple, pour l'oeil droit, la partie temporale de sa rétine qui reçoit de la lumière du champ visuel gauche communique avec la zone visuelle de l'hémisphère cérébral droit (même côté). II n'y a pas de croisement des fibres nerveuses (rétine temporale de l'oeil droit -hémisphère cérébral droit).
A partir de chaque oeil, il y a donc Un croisement des fibres nerveuses qui provi-ennent des parties nasales ou internes de la  rétine- La proportion de ces fibres croisées est très variable selon les espèces animales. 0e croisement est total chez les espècesà vision monoculaire seule : poissons, oiseaux. Chez le cheval, la proportion de fibres croisées est de l'ordre de 80%. Environ 10% à 20 % des fibres informent la partie visuelle du cerveau du même côté. Chez l'homme,  la moitié des fibres nerveuses du nerf optique (qui proviennent de la rétine nasale) croisent la ligne médiane tandis que I'autre moitié des fibres nerveuses (qui proviennent de la rétine temporale) continuent vers l'hémisphère du môme côté.

Chez le cheval comme chez l'homme, l'hémisphère cérébral droit reçoit donc les informations qui proviennent des objets visuels qui se trouvent dans le champ visuel gauche. L'hémisphère cérébral  gauche reçoit les informations qui proviennent des objets qui se trouvent dans le champ visuel droit. Pratiquement, un objet situé dans le champ visuel droit du cheval se projettera essentiellement  vers  l'aire  cérébrale visuelle gauche.

Rappelons toutefois que les deux aires cérébrales visuelles ne sont pas totalement séparées l'une de l'autre. Des communica-tions existent entre elles par l'intermédiaire du corps calleux.

4. monoculaire et binoculaire

Chez I'homme, les champs visuels des 2 yeux présentent un large recouvrement. Pratiquement, tous les objets sont alors vus simultanément par les deux yeux. Seuls les objets situés â l'extrême périphérie du champ visuel de chaque oeil ne sont vus que par Un seul oeil.

Le cheval voit différemment. En effet, la jux-taposition des champs visuels de l'oeil droit et de l'oeil gauche couvre un espace réduit (30 à 70) ce qui limite la possibilité du cheval à orienter le regard des deux yeux vers un même objet. Par exemple, les points A et B du Schéma 1 sont situés dans la partie binoculaire du champ visuel respectivement gauche et droit du cheval. Le point A se projette sur la rétine nasale de l'oeil gauche et sur la rétine temporale de l'oeil droit. Le point B se projette sur la rétine nasale de l'oeil droit et sur la rétine tempo-rale de l'oeil gauche.
La vision monoculaire du cheval couvre par contre un large espace et le cheval voit indépendamment les objets qui se situent à sa droite et â sa gauche . Les points C et D du Schéma 1 sont situés dans  la partie monoculaire des champs visuels respectivement droit et gauche. Ils se pro-jettent sur les rétines nasales.

Que signifie chez l'homme comme chez le cheval La vision binoculaire ? 

C'est la fusion au niveau du cerveau de deux images perçues par la rétine. Cette fusion d'images transforme la vision simultanée d'un objet par les 2 yeux en une vision binoculaire. Elle permet la vision de relief et l'appréciation de la profondeur. Or relief et profondeur sont justement deux difficultés de vision chez le cheval étant donné qu'il a une vision binoculaire réduite.

5. Comportements face à ces caractéristiques du champ visuel

Le cheval sursaute et s'effraye plus facilement lorsqu'il est approché â l'improviste directement par derrière plutôt que latéralement. En effet la zone aveugle arrière ne lui permet pas de voir sans se bouger. Par exemple, en randonnée, si un vélo surprend le cheval par derrière et apparaît ensuite en mouvement latéralement dans un des deux champs visuels, le cheval considérera le vélo comme hostile.

Le cheval voit mal les objets en profondeur et en relief. II les voit plutôt à plat ce qui peut être source de peur vis à vis de certains objets. 
Par exemple, devant une flaque d'eau, le cheval fera un contournement s'il n'est pas habitué.

En présence d'objets lointains, en mouvement, situés dans le champ visuel binoculaire du cheval, certains chevaux ont simplement l'attention attirée (relevé de la tête et de l'encolure, oreilles pointées vers l'avant...) alors que d'autres sont en plus déjà anxieux (énervement sur place, rotation sur soi-même...).  Si, face à ces différents comportements, le cavalier punit son cheval (crier, brandir une cravache. .), il confortera le cheval dans sa peur au lieu d'apaiser ses craintes. C'est la raison pour laquelle j"insiste sur l"importance d"une part à comprendre le comportement naturel de son cheval et d'autre part à garder patience et calme pour relaxer son cheval et l'habituer aux diverses circonstances de I'environnement

Yves Bertrand

Ouvrages à consulter
Collin S. Anatomie du cheval  Ed Berovaux Ordina
Gossin D. Psychologie et comportemant du cheval, Ed Maloine, 7996
Hontang M. : Psychologie du cheval, Ed Payot 1989
Purves D et autres : Neurosciences, Ed de Boeck; 1999
Worthington M. : Comportement des chevaux, Ed Zulma, 1999
 
 

avec la Collaboration de Cheval Evasion




 



 
 Le comportement du poulain
par le Dr. Y. Bertrand

L'empreinte se distingue des autres formes d'apprentissage (habituation, conditionnement, ...) par les caractéristiques suivantes : 
-Cet apprentissage ne nécessite pas de récompense ou de renforcement positif . 
-L'imprégnation du cerveau pour l'empreinte d'un objet n'est possible que pendant une période sensible des premiers jours de la vie d'un animal. Pendant cette période qui est généralement de très courte durée, l'animal encore très jeune et réceptif, est sensible et susceptible de recevoir L'empreinte d'un objet. Avant cette période, l'animal ne perçoit pas les stimuli qui permettent l'empreinte car son équipement neurosensoriel n'est pas encore assez évolué. L'animal doit donc être à un certain stade de développement pour être capable d'apprendre les caractéristiques de l'objet d'imprégnation. . 
-L'apprentissage s'oublie alors que l'empreinte a un caractère définitif et irréversible. C'est ainsi qu'elle détermine le comportement futur de l'adulte sur le plan social et sexuel car L'identification de l'objet (l'homme en l'occurrence), à l'âge adulte, sera traitée comme un partenaire de sa propre espèce. L'empreinte peut donc influencer les relations sociales du petit animal à L'âge adulte. 
-L'animal ne perçoit comme empreinte que les caractéristiques générales, essentielles et communes à tous les individus d'une espèce. 

L'empreinte a une double fonction (3) : 
-D'une part de permettre au petit animal de reconnaître ses parents et les individus de sa propre espèce. Des liens filiaux, familiaux et sociaux sont donc ainsi acquis et hérités 
-D'autre part, de faciliter la construction de son identité. Ces fonctions assurent plus facilement la survie et la sécurité du petit animal et de toute l'espèce. 

Chez les mammifères 

Chez les mammifères, l'empreinte telle que définie par Lorenz fait plutôt place à un mécanisme appelé lien ou attachement social. Ainsi par exemple parmi les chiots, il y a une période de 3 à 10 semaines après la naissance pendant laquelle des contacts sociaux normaux se développent. Si un chiot est élevé en isolement au-delà de quatorze semaines, son comportement social ultérieur sera anormal. Les chiens comme certaines espèces d'oiseaux, acceptent volontiers les être humains comme partenaire sociaux (4). 

Les poulains ont également une période postnatale pendant laquelle ils sont particulièrement réceptifs: des observations scientifiques montrent que la période d'imprégnation et du lien intervient juste après la naissance et ne dure qu'une heure ou deux (5). C'est durant cette période que Miller accoutume le poulain à diverses manipulations.

Ainsi, le poulain, pendant la première heure de sa vie, s'imprègne de ces manipulations jusqu'à l'âge adulte. Comme le caneton, à la naissance, le poulain devient imprégné de sa mère s'il reste près d'elle et s'il peut téter (6). Toutefois, le poulain peut aussi, comme le caneton, suivre et rester à côté d'objets de taille suffisante et mobiles. Autrement dit, si sa mère n'est pas présente, il peut choisir un autre objet en mouvement tel que L'homme par exemple. Avant que la reconnaissance de sa propre mère ne soit établie, il peut aussi suivre n'importe quelle autre mère. Pour éviter cela, il est donc important que la mère accepte son poulain et écarte les autres poulinières durant ce moment précoce après la naissance. La reconnaissance du poulain par la mère est donc très essentielle pour sa survie et sa sécurité. 

L'importance de l'imprégnation est donc évidente aussi chez le cheval pour que s'établissent précocement des liens sociaux. 

Yves Bertrand 

Ouvrages à consulter
1 K Lorenz, Les oies cendrees. 1989, Ed Albin Michel 
2. Rosenzweig .Psychoblologie. 1998 Ed De Boeck 
3. J. Goldberg. Les sociétés animales. 1998 Ed Delachaux et Niestle 
4. Mc Farland, dictionnaire du comportement animal Ed R Laffont 
5 A. Miller. Imprégnation comportemental du poulain nouveau-né Ed. La Sanglière 
6. M. Kiley-Worthington. the behaviour of horses 1987 Ed J.A. Allen 

avec la Collaboration de Cheval Evasion

 


L'apprentissage chez le poulain 
par le Dr. Y. Bertrand
 
 

Le poulain est un animal éducable. Maurice Hontang énonce que le cheval possède l'intelligence qui lui permet de s'éduquer et de s'adapter aux divers emplois auxquels  l'homme le destine. C'est à ce dernier d'exploiter ces possibilités caractéristiques (1 ). 

Le conditionnement opérant est la réaction plus ou moins intense, fréquente, rapide d'un animal selon qu'elle est suivie d'un résultat favorable ou défavorable. Le poulain apprend les comportements qui donnent lieu à une récompense ou punition. Il s'établit des relations de cause à effet entre les stimuli qui l'entourent et il s'adapte en modifiant ses réponses en fonction des conséquences. Dans le conditionnement  opérant, il y a donc association entre une réponse et un renforcement. 

En résumé, il résulte que l'éducation du poulain est surtout basée sur des associations d'idées. Mais ces associations ne sont possibles selon l'auteur Hontang qu'avec un animal en état d'alerte (attentif) et les hémisphères libres de toute activité l'animal ne doit être ni irrité ni gêné par son harnachement (1 ). 

L'attention volontaire du poulain (auditive, visuelle, sensori-motrice) est donc indispensable à son dressage.
Elle ne peut être surmenée par des séances de trop longue durée ou dérangée par le bruit ou les perturbations extérieures. 

LES MÉCANISMES DE L'APPRENTISSAGE 

Les mécanismes de l'apprentissage font appel à l'acquisition, la contiguïté et le fractionnement. 

L'acquisition par la répétition ou la quantité d'exercice intervient pour une grande part dans l'apprentissage. 
S'occuper régulièrement du poulain dès son plus jeune âge en le manipulant chaque jour par le toucher, la voix, permet de le familiariser à son environnement. Également, deux courtes leçons par jour sont plus profitables qu'une. 

Hontang rappelle qu'un des secrets de l'éducation du cheval et du développement de son intelligence réside dans sa fréquentation assidue par l'homme (1 ). La répétition d'associations d'idées facilite l'apprentissage de nouveaux réflexes. Plus encore, Hontang démontre que la répétition d'un mouvement est un des meilleurs exercices pour développer à la fois la mémoire et les muscles mais sa réussite est limitée, pour le moral, par l'énervement, l'impatience et la colère ou par l'écoeurement et l'inertie (1 ). 

La contiguïté est la liaison temporelle entre deux stimuli ou événements bien différentiés: l'apprentissage est d'autant plus difficile que l'écart entre les deux stimuli est grand. La proximité temporelle a un rôle déterminant dans l'apprentissage. Par exemple, une sanction ou récompense d'un comportement qui ne survient pas immédiatement après celui~ci perd de son efficacité. Ne pas récompenser ou punir à contretemps. Hontang formule la réflexion que, pour être efficace, la récompense doit intervenir dès l'exécution de l'action demandée et la correc- tion, au moment même de la désobéissance. Cet axiome pédagogique est le principe même de toute éducation rationnelle, qu'il s'agisse d'êtres humains ou d'animaux. des caresses à tort et à travers sont plus nuisibles que leur absence (1 ). 

L'apprentissage fractionné, entrecoupé de pauses est plus efficace que l'apprentissage concentré. De courtes leçons de 20 à 30 minutes deux fois par jour valent mieux que des leçons trop longues qui ne peuvent peser qu'un mauvais souvenir . 

Il existe des degrés d'apprentissage. L'apprentissage le plus simple est la réception d'un ordre ("trotter"). Avant d'avoir reçu cet ordre, le poulain était dans une autre disposition (marche ou arrêt par exemple).  Ce changement de disposition constitue le phénomène d'apprentissage le plus simple. Autrement dit, le changement dans la capacité du poulain à réagir à un ordre constitue l'apprentissage le plus simple (apprendre à recevoir des ordres, des signaux). Ce niveau d'apprentissage fait référence au conditionnement. Un autre niveau d'apprentissage, supérieur, est celui d'apprendre à apprendre à recevoir des signaux.
Le poulain a appris à apprendre. Il a acquis un certain savoir-faire, un talent qui le rende capable de le manifester dans plusieurs contextes différents. 

LA MÉMOIRE 

L'éducation du cheval par l'association d'idées fait appel à sa mémoire. Comme exprimé par Hontang, sans mémoire, aucune association d'idées n'est possible, ni surtout durable (1 ). McFarland affirme que la mémoire concerne avant tout la persistance d'une réponse apprise (3). Elle permet de prendre de l'information, de la conserver et de la restituer dans diverses circonstances ou de la reconnaître parmi d'autres. 

La  mémoire joue donc un grand rôle dans l'éducation du cheval lors de son débourrage et de son dressage. Maître Oliveira écrit que la mémoire du cheval est une faculté qui exige qu'on lui accorde la plus grande attention. C'est d'une importance extrême dans l'éducation du cheval (4). 

L'attention volontaire du poulain déjà exprimée plus haut contribue à ce phénomène de mémoire. Dans ce sens et d'après l'ouvrage de Maurice Hontang, les procédés de dressage devront avoir pour but de susciter cette attention avant qu'il ne soit demandé quoique ce soit à l'animal (1 ). Toutefois, il est également bon de rappeler que surmener l'attention c'est compromettre la mémoire, base de toute éducation (1 ). Ainsi, deux leçons par jour sont préférables à une seule, plus longue surtout au début. L'attention demeure éveillée (les pédagogues savent bien que, chez les enfants, le pouvoir d'attention s'émousse très vite), et on risque moins d'engendrer des résistances par cause de lassitude (1 ). 

PARTIR DU CONFORT ET 'DES COMPÉTENCES 

Éduquer un poulain c'est aussi s'occuper de son confort et de respecter ses compétences ce qui demande à son éleveur une expérience et une connaissance combinées à un sens aigu de l'observation. Lors de l'apprentissage, le cheval trouve son confort dans la sécurité, la récompense, l'équilibre, le relâchement en réponse à une sollicitation. C'est dans ce confort et non le stress qu'il apprendra de nouveaux mouvements. 

Parler de potentialités est une façon de voir le cheval par ses compé- tences plutôt que de le considérer par ses manques. Ceci modifie complètement la position, le regard de l'éleveur, du cavalier vis à vis du cheval. Parler de compétence, c'est en effet accepter qu'avec le temps le cheval soit capable d'apprendre de nouveaux mouvements, de dépasser une résistance, de trouver du confort lors de sollicitations. 

GÉRER LES RESISTANCES 

Patricia Kindermans, avec les conseils techniques de Ben De Ruyter, exprime dans un article: "il est toujours préférable de ne pas 'linterdire" au cheval de commettre une erreur. Laissez-Iui commettre sa bêtise,  puis réfléchissez à la manière de lui rendre cette bêtise difficile" (5). A mon sens, l'attitude consiste à prescrire le symptôme et non le combattre comme d'habitude nous tentons souvent de réaliser . Un  exemple: mon poulain, en sortant d'écurie, traverse sans difficulté et sans inquiétude un piste de travail pour rejoindre ensuite la prairie. Toutefois, lors d'un travail sur la même piste, le poulain est craintif toujours à un même endroit au point de s'emporter alors que normalement à ce même endroit et en dehors de tout travail, il traverse sans crainte pour rejoindre la prairie. Au lieu de combattre ce comportement ou d'éviter ce symptôme, j'acquiesce à ce comportement en passant par exemple régulièrement et très progressivement jusqu'à décontraction à cet endroit difficile et red- outé pour obtenir finalement un passage spontané, sans crainte à ce même endroit. La logique est la suivante: plus le poulain craint un obstacle, plus il cherche à l'éviter et plus il se produit une anxiété. La solution paradoxale consiste donc à prescrire le symptôme que le poulain voudrait précisément éviter et à ne pas parvenir par la force à une solution qui pourrait être spontanée. L'apprentissage par l'acceptation de la résistance, de l'erreur est efficace tant pour le cavalier que pour le cheval. Une résistance prescrite cesse d'être une résistance. 

CONCLUSIONS 

L'éducation du poulain ou débourrage passe par un processus d'apprentissage qui a pour objet d'induire des changements dans son comportement naturel. Comme dans toute éducation, l'apprentissage demande du temps, du tact et du coeur pour être mené à bien. Dans ce sens, il est important d'être convaincu "que chaque cheval est un individu doté d'une personnalité qui lui est propre et qui est chaque fois unique" (6). 

Ouvrages à consulter
(1) M. Hontang, Psychologie du cheval, éd. Payot, 1989
(2) M. Henriquet, le débourrage du cheval, éd. Prest, 1986 
{3) D. McFarland, Dictionnaire du comportement animal, éd. R. lattont, 1990 
{4) N. Oliveira, l'Art équestre, éd. Crepin-Leblond, 1991 
(5) P.  Kindermans, la capacité d'apprentissage du cheval, le monde équestre 1996 
(6) N. Oliveira, Propos d'un vieil écuyer aux jeunes écuyers, éd. Crepin-leblond, 1986 
 
 

avec la Collaboration de Cheval Evasion




 


Empreinte, désensibilisation, attachement….
Une confusion source d’erreurs ? 
par le Dr. Y. Bertrand
 

Le 18 septembre 99, j’ai assisté au colloque d’éthologie à l’Ecole Nationale d’Equitation de Saumur. Un véritable succès par la richesse des informations reçues et par la présence de conférenciers de renom (M. Hausberger, R. Miller, P. Parelli, M. Worthington …).

A mon sens, le sujet qui a généré le plus de remarques dans l’auditoire et le panel est la présentation avec vidéos de R. Miller sur l’imprégnation comportementale du poulain. Ces remarques peuvent se résumer comme suite :

  • La méthode présentée par R. Miller est elle nécessaire ? En effet si elle n’est pas pratiquée chez le poulain, cette absence empêche-t-elle pour autant les capacités d’apprentissage de celui-ci à l’âge adulte ?
  • Cette méthode n’est elle pas rigide, intrusive ? N’est elle pas sans risques dans des mains inexpérimentées ? De plus où se trouve le respect de l’espace personnel du poulain et de sa relation avec sa mère ?
  • L’imprégnation comportementale ne pourrait elle pas avoir une influence négative sur cette relation, ce lien entre le poulain et sa mère ?
Modestement et en me referant à la littérature, je voudrais apporter quelques réflexions à ces remarques. Tout d’abord, il me paraît important de parler de la même chose entre nous et donc de définir les termes utilisés. Ensuite, en guise de conclusions, je confirmerai l’importance des expériences vécues dès le plus jeune âge du poulain dans la formation du lien social.
 
 
  1. Définitions.
L’empreinte ou imprégnation est le phénomène par lequel un oisillon nidifuge, une fois éclos, prend l’empreinte des caractéristiques de sa mère et en même temps de son espèce. Dans ce phénomène, Lorenz décrit deux mécanismes : l’oisillon poursuit sa mère et identifie celle-ci au cours de la poursuite. Cette réaction de poursuite est également observée si la mère naturelle est substituée par un autre individu même d’une autre espèce. L’empreinte est donc le premier lien affectif que le jeune établit avec un individu ou même un objet. Ce premier lien détermine les autres liens que le jeune peut avoir avec son environnement (avec d’autres individus de la même espèce, avec l’homme …). L’imprégnation est donc une forme particulière d’apprentissage pendant le jeune âge qui, d’après Lorenz, serait possible au cours d’une période critique, précoce et qui serait irréversible. C’est un phénomène qui existe aussi chez les mammifères et donc chez le cheval. " L’imprégnation est un apprentissage rapide et irréversible qui permet tant à la jument qu’à son poulain de se reconnaître " (1).

De nombreuses recherches ultérieures ont toutefois démontré qu’il fallait abandonner l’idée d’une période critique et de l’irréversibilité de l’empreinte. " La période sensible et critique est plus une période de facilitation pour certains apprentissages qu’une période au cours de laquelle ces apprentissages devraient inéluctablement se dérouler sous peine de ne plus être réalisables dans la suite. Pour devenir virtuose, il est sans doute préférable d’apprendre à jouer du piano à 6 ans plutôt qu’à soixante… " (2). Rien n’est irréversible et la prise d’empreinte vis à vis d’un individu n’est pas le seul phénomène qui détermine le comportement social des jeunes mammifères dont le poulain. Cette dernière réflexion est une réponse à la première remarque du début. " Il est alors important de ne pas se précipiter, tripoter le poulain ou intervenir d’une manière quelconque lors de cette phase, afin de ne pas interrompre le processus d’imprégnation " (1).
 
 

L’attachement : H. Harlow a séparé des singes rhésus de leur mère quelques heures après leur naissance et les a mis en contact avec différents types de mères substitutives : des mannequins avec fourrure ou sans fourrure. Il a alors observé que les petits singes avaient une grande affection pour les mères substitutives revêtues de fourrure et qu’ils étaient malheureux lorsqu’ils étaient privés de cette couche de fourrure. Il démontrait ainsi que la qualité du contact jouait un rôle essentiel dans l’attachement du jeune à sa mère ou à un substitut maternel : une mère en fourrure était préférée à une mère métallique même si celle-ci pouvait donner du lait. Ce contact corporel de qualité procurait en effet réconfort (attachement), sécurité et profonde tranquillité. Le réconfort de ce contact favorisait ainsi le lien, l’affection entre le singe et sa mère. Ce contact corporel ne serait-il pas suffisant entre le poulain nouveau-né et l’homme sans pour autant devoir le frotter et masser toutes les parties corporelles comme proposé par Miller ? En effet chez le cheval, l’attachement notamment maternel se forme aussi très rapidement. 
 
 

La désensibilisation, dans le dictionnaire Larousse, signifie amener quelqu’un à devenir moins sensible ou à s’intéresser moins à quelque chose. Selon R. Miller, la désensibilisation " correspond à l’élimination d’une réaction à un stimulus par la répétition de ce même stimulus jusqu’à disparition de la dite réaction " (3). N’y a-t-il pas alors confusion entre d’une part désensibilisation et d’autre part apprentissage par accoutumance et apprentissage conditionné qui sont des approches plus positives pour éduquer le poulain nouveau-né plutôt que de le désensibiliser. Personnellement, je considère plus volontiers la désensibilisation comme une prescription thérapeutique à un comportement " anormal " plutôt qu’une méthode pour habituer le poulain à son environnement.
 
 
 
 

3. Conclusions
 
 

Que peut-on retenir ? 

  • Simplement que le comportement de l’animal adulte est grandement affecté par les expériences vécues au cours des premières jours, mois et années de la vie (donc même en dehors du processus d’empreinte). 
  • D’autre part, qu’il n’y a pas une méthode pour orienter le comportement du jeune cheval mais plusieurs manières de l’éduquer précocement pourvu qu’elles respectent sa physiologie, sa psychologie et son environnement social. Toutes les expériences du jeune âge sont importantes et orientent les futurs comportements, notamment du poulain.
  • Qu’il n’est pas nécessaire de violer l’espace personnel du poulain nouveau-né pour l’habituer à son environnement social, y compris à l’homme. 
Ce qui ressort de l’ensemble de ces réflexions c’est l’importance de la qualité des premiers contacts dans la formation du lien affectif entre le poulain nouveau-né et son environnement social. Ces premiers contacts " sont prédominants dans la genèse du lien social "(4). 

Ouvrages à consulter

  1. M. Kiley Worthington : Le comportement du cheval ; Ed. Zulma 1999
  2. J. De Lannoy, P. Feyereisen : L’éthologie humaine ; P.U.F 1997 
  3. R. Miller : Imprégnation comportementale du poulain nouveau-né ; LA Sanglière
  4. J. Goldberg : Les sociétés animales ; Ed. Delachaux et Niestlé 1998
  5. H. Montagner : L’attachement , les débuts de la tendresse ; Ed. Points 1991
Yves BERTRAND 
 
 
 
 
 

avec la Collaboration de Cheval Evasion

 



L'apprentissage et les émotions 
par le Dr. Y. Bertrand
 

En langage cheval... 
Apprentissage, Emotions. Sentiments et Emotivité

Un lien étroit existe entre émotivité et capacité d'apprentissage. Qui n'a pas déjà constaté pour lui-même que, dans certaines circonstances, des réactions émotionnelles perturbent ses capacités d'apprentissage et de raisonnement ? Des études chez les animaux ont déjà démontré que certaines lésions cérébrales (notamment préfrontales) abolissant l'expression des émotions provoquent des troubles d'apprentissage et de comportement social.
 

Emotions. Sentiments et Emotivité

1. Emotions

Le cheval a des émotions Elles sont omniprésentes dans sa vie et se définissent comme l'ensemble de ses réponses ou de ses réactions face à des évènements déclencheurs tels que la douleur, la récompense, l'isolement social, l'effort physique, l'odeur, la présence d'un prédateur. .Le cheval manifeste donc journellement des émotions de base que sont la peur, la colère, la joie, la tristesse, le dégoût. D'autres émotions existent aussi telles que jalousie, agressivité, excitation, etc. ...
Les réponses ou réactions émotionnelles comprennent tout d'abord un éven-tail de comportements observables par l'extérieur comme un congénère ou l'homme. En effet, elles se manifestent le plus souvent par un mouvement tel que la fuite, l'évitement, l'attaque, le jeu, l'expression faciale (découvrement des dents, tension de la bouche. ..), les stéréotypies. 

La fuite reflète plutôt la peur, l'attaque la colère et l'abattement la tristesse. ..Dans ces exemples, l'émotion s'exprime donc par une manifestation comportementale de fuite, d'agressivité et d'abattement En réalité, il y a une grande richesse de com-portements émotionnels entre les chevaux, richesse importante à découvrir. Ces réponses émotionnelles du cheval, visibles par l'extérieur, s'accompagnent aussi de changements internes, physiologiques, moins visibles de l'état 14corporel du cheval modifications endocriniennes {sécrétion d'hormones telle que l'adrénaline. ..}, réactions viscérales {trouble du transit accélération de la fréquence cardiaque. transpiration, ..). tremblements. modifications pupil-lairesetc Ces changements physiologiques accompagnent les expéri-ences émotionnelles aussi bien positives que négatives.

Dans ces expressions d'une part comportementales visibles et d'autre part physiologiques des émotions, il y a d'importantes différences individuelles liées soit à des conditions contextuelles (mode de vie, type de discipline}, soit à des conditions physiologiques (âge, sexe, état hormonal...). soit à l'origine génétique, etc. Ces différences individuelles peuvent être abordées, analysées par des tests expérimentaux qui mesurent l'émotivité d'un cheval. Au delà des comportements et des états physiologiques émotionnels, le cheval a également des" vécus" de ses émotions qui vont fortement influencer ses comportements. La peur par exemple peut influencer une maternité, un sevrage, une relation à l'homme, l'alimentation, les capacités d'ap-prentissage. .Chronique, elle peut générer un stress chronique avec diminution du bien être, susceptibilité à des maladies, etc
 
 

2. Sentiments (expérience subjective des émotions)

Que le cheval exprime des émotions à la fois en comportements observables et en variations physiologiques internes est une réalité. Mais le cheval serait-il aussi capable de percevoir, de ressentir ses émotions ? Des observations de comportement pourraient-elles confirmer cette affirmation ? La douleur par exemple qui peut générer une réponse émotionnelle de retrait ou de menaces ..ne s'accompagnerait-elle pas aussi d'une expérience personnelle du cheval de souffrance, de mal être ? Autre exempie fatigue, manque d'énergie, mal être, tension, inattention...ou à l'inverse bien être, relâchement, confort ne seraient-ils pas des sentiments manifestés par le cheval qui reflèteraient sa perception d'émotions ? Le cheval ne ferrait-il pas ainsi l'ex-périence personnelle de ses émotions en percevant toutes les modifications en cours dans son organisme lors de ses réactions émotionnelles, modifica-tions vécues comme agréable, plaisante, positive ou comme désagréable, déplaisante, frustrante Cette expérience personnelle entraînerait alors selon le contexte soit une attitude d'approche {aller vers, suivre..) soit une attitude de retrait {éviter, fuir.. .}. Le chevai est donc un être vivant qui non seulement a des émotions mais qui également ressent ses émotions.

3. Emotivité susceptibilité particulière aux émotions
L'émotivité est la susceptibilité particulière d'un cheval à manifester des réac-tlons émotionnelles Le cheval émotif est celui qui réagit par des émotions fortes {hyperémotivité} Cette susceptibilité à ressentir des émotions est d'ailleurs très individuelle. Il existe en effet d'importantes différences indi-viduelles qui dépendent de multiples facteurs d'une part des facteurs internes tels que la race, l'équilibre hormonal, l'origine génétique...et d'autre part des facteurs environnementaux tels que les conditions d'élevage et de sevrage, l'alimentation, le type de travail... Un exemple d'émotivité est la susceptibilité d'un cheval à ressentir une émotion de peur, susceptibilité qui peut être appréciée, analysée par différents tests Cette réactivité d'un chevai aux émotions, même si elle a une part de composante génétique, peut être modulée par des facteurs environnementaux (conditions d'élevage, environ-nement social, conditions d'entretien}.

4. Fonctions des émotions
Les émotions ont leur utilité dans la vie du cheval. Tout d'abord, en permet-tant une réaction spécifique à une situation déclenchante {fuir l'ennemi, redresser l'encolure en présence d'un bruit, .} et en modifiant l'état interne de l'organisme pour permettre ces réactions spécifiques, les émotions four-nissent au cheval des comportements orientés pour augmenter ses chances de survie. Elles lui permettent ainsi d'adopter des réactions appropriées face à des situations très diverses. Elles ont donc une fonction d'adaptation tant pour l'individu que le groupe social. D'autre part, sans émotions, il n'y a pas de communication entre congénères car les réactions émotionnelles four-nissent des informations à autrui {par exemple, l'abaissement des oreilles est un signal pour autrui}. Les émotions ont donc une fonction de communication dans le groupe social des chevaux en informant les congénères Elles organisent et régulent donc la vie d'un cheval et la vie de son groupe social.
 

Apprentissage et Emotivité


L'apprentissage est l'acquisition d'un comportement attribuable à une expéri-ence sensorielle antérieure Or, l'émotivité ou réactivité émotionnelle n'est pas sans influence sur les capacités d'apprentissage d'un animal. Une émo-tivité soit trop faible ou le plus souvent trop forte (hyperémotivité) peut en effet influencer les capacités de vigilance du cheval pour apprendre correctement

Le cheval excitable ou avec forte réactivité émotionnelle a souvent de moins bonne performance dans l'acquisition d'apprentissage. En effet, s'il est con-stamment sur ses gardes, incapable de se détendre, apeuré, distrait.., il ne pourra être attentif et l'apprentissage sera difficile. Dans ces circonstances, la réactivité émotionnelle prend la place de l'apprentissage quelque en soit sa cause (douleur, lieu inconnu .). Le cheval émotif aurait donc plus de difficultés d'apprentissage par manque de concentration 

Il vaut mieux alors lui apprendre à d'abord gérer ses émotions avant d'entamer un travail. Le cheval flegmatique (froid, lent) ou placide par contre offre trop peu d'attention et de motivation que pour apprendre facilement (le flegme étant le contraire d'une grande émotivité} mais cela ne signifie pas qu'il soit incapable d'apprendre. Pour qu'il y ait apprentissage, le cheval doit en effet atteindre un minimum d'éveil (niveau de réaction) ou d'attention qui le rende capable à se concentrer sur un objet {physique, mental} particulier à l'exclusion d'autres. Sans ce minimum d'attention, l'apprentissage est beaucoup plus difficile
 

Conséquences pratiques


Il parait donc très Important d'avoir un cheval attentif et confiant pour obtenir un bon apprentissage Pour se faire, quelques orientations peuvent faciliter un environnement plus adéquat à l'apprentissage .

Le lieu d'apprentissage: dans l'acquisition d'apprentissage, travailler dans un endroit calme et sécurisant est propice à bien capter l'attention du cheval et à maintenir un contact mutuel; Si le cheval est préoccupé ailleurs par le bruit, d'autres congénères, l'heure de nourriture. .., il ne pourra apprendre. L'endroit du travail est donc important à choisir. Dans ce sens, le round pen est un espace adéquat pour obtenir la concentration du cheval dans une communication confiante entre le cavalier et son cheval.

La période d'apprentissage: après la période de relation sécurisante entre mère et poulain ou de sevrage, les chevaux" manipulés" tôt ont souvent de meilleures capacités d'apprentissage notamment suite à un meilleur contrôle de leurs réactions émotionnelles. Il est toutefois aussi important de dire que trop de manipulations et trop tôt chez un jeune cheval peuvent aussi induire du stress et Influencer alors ultérieurement les capacités d'apprentissage.

Les variations individuelles en émotivité: elles montrent l'importance pour le cavalier à davantage s'adapter à chaque cheval pour en retirer le meilleur plutôt que de suivre des méthodes d'éducation figées pour tous les chevaux.

Le travail à pied, au sol (en longe, en liberté, aux longues rennes...) : ce travail rend plus facile l'obtention de la concentration du cheval et le réel contact visuel

Les exercices: le pas est une allure d'un niveau d'émotivité moindre que le trot et le galop. Les exercices complexes par exemple doivent être appris et acquis d'abord au pas avant de passer à un niveau supérieur plus stressant

Le type de" travail" : le dressage serait la discipline qui amène le plus le cheval dans des postures d'émotivité intense que d'autres disciplines telles que la randonnée, la voltige. ...Ne faut-il pas alors envisager les activités avec le cheval plus sous forme de loisirs, de travail plaisir que de" discipline". Les activités variées avec le cheval devrait alors davantage être un loisir plutôt qu'un labeur dans une discipline particulière.

Le mode de vie: un mode de vie au pré avec d'autres congénères tend à diminuer l'émotivité par rapport à une vie confinée dans un box et sans contacts. En effet, le maintien en box, l'absence de contacts sociaux prédisposeraient les chevaux à être plus émotifs. Il est donc vivement conseillé d'apporter au cheval un environnement physique et social stimulant et varié

Le contact mutuel: le cheval comme son cavalier doivent être mutuellement attentifs en maintenant un contact non seulement du regard mais aussi de la voix.

L'éducation et la gestion de nos propres émotions: elles devraient nous permettre d'acquérir une attitude confiante, sécurisante, positive et encourageante 

Notre attitude a en effet une incidence non négligeable sur les capacités d'apprentissage du cheval. Or notre attitude dépend aussi de notre état émotionnel.

Conclusions

Le cheval est donc un être vivant mû par des émotions. Le répertoire d'expressions de ses émotions par des comportements observables et des variations physiologiques est très large et fondamental à découvrir pour son éducation. Le vécu de ces émotions apportera bien être ou mal être selon de multiples facteurs importants à prendre en considération Il est toutefois sage de savoir que ces émotions ne sont pas sans influence sur ses capacités d'apprentissage Aussi, plus le cheval sera sécurisé et dans une ambiance positive, plus facilement il sera attentif et plus vite il apprendra
 
 

Yves BERTRAND 

Ouvrages à consulter






avec la Collaboration de Cheval Evasion

 


Les modifications de composition d'un troupeau 
par le Dr. Y. Bertrand
 

En langage cheval... 

SEPARATION D'UN CONGENERE DU GROUPE 

Etude de comportements offensifs


L'éthologie est l'étude critique des comportements de ranimai dans son milieu naturel par robservation. Lors d'un exercice de stage en éthologie (Stage d'initiation à l'observation -M. Hausberger -Université de Rennes, Service Education Permanente), j'ai pu observer le comportement de chevaux lorsque l'un d'entre eux était séparé du groupe pendant un temps déterminé et ensuite ramené au sein du groupe. L'article présente cette expérience pratiquée par plusieurs observateurs présents lors de ce stage.

1. Méthode 
a) Le contexte
Un groupe de 5 chevaux est en liberté dans une prairie. La question posée est la suivante "Quels sont les comportements de relation au sein d'un groupe de chevaux lors de la séparation d'un des congénères, puis de sa réintroduction dans le groupe ?"
 

b) Méthode focale

Seuls les comportements dits offensifs (types et fréquence) sont rélevés par plusieurs observateurs après la sortie du groupe puis la réintroduction dans le groupe de chacun des chevaux à tour de rôle.
 
 
 

Chaque observateur (par groupe de deux) note sur une période de temps donnée tous les comportements offensifs préalablement déterminés (répertoire de départ) de chaque cheval au sein du groupe. Qui a menacé qui ? Comment ? Combien de fois ? La méthode focale repère donc le comportement d'un seul cheval à la fois par des observateurs différents sur une péri-ode de temps déterminée et dans un contexte, une circonstance inhabituelle

Une liste des comportements offensifs à observer est préalablement établie entre les observateurs, chaque comportement étant identifié par un numéro pour en faciliter le relevé écrit. 
 

code : comportement observé
0 : aucun
1 : menace de la croupe
2 : oreilles baissées
3 : menace d'un postérieur
4 : ruade
5 : charge
6 : coupe de tête
7 : morsure
8 taper de l'antérieur
...


Cette liste est un répertoire de comportements offensifs connus et sert de "langage" commun entre les observateurs. Ce répertoire est donc l'instrument de travail de chaque obser-vateur d'un cheval au sein du groupe qui est placé dans une situation inha-bituelle de séparation et de réintroduction d'un congénère.

Un tableau croisé est établi avec le nom de chaque cheval en abcisses et en ordonnées . 
 
 
 

 
A
B
C
D
E
A
X
-
-
-
-
B
-
X
-
-
-
C
-
2
X
1 4
3
D
-
0
1 1 1 
X
-
E
-
1
1
-
X

Dans chaque case du tableau, sont mentionnés les types (numéro du répertoire) et la fréquence des comportements offensifs. à la sortie par exemple du cheval (a) du groupe (en abcisses), quels sont les comportements offensifs du cheval (b) (en abcisses) vers les chevaux (c), (d), (e) (en ordonnées); du cheval (c) (en abcisses) vers les chevaux (b), (d), (e) (en ordonnées), etc. Le tableau 2 montre ainsi les comportements offen-sifs de chaque cheval (en abcisses) à la sortie du cheval (a) pendant un temps donné de 20 minutes. On constate par exemple dans ce tableau que les comportements offensifs se marquent particulièrement vers le cheval (c)
 

2.-Discussion

L'ensemble des observations au sein du groupe, à la sortie et à la réintro-duction de chaque cheval, permet d'apprécier des interactions sociales au sein du groupe telles que

.nombre total de comportements offensifs par cheval, en fonction du temps global de l'expérimentation;
.destination des comportements offensifs;
.nombre de comportements offensifs par cheval ventilé d'une part selon la sortie d'un cheval et d'autre part à la réadmission.
..etc
A partir des observations mentionnées en tableaux, se déduisent des sociogrammes (organisation sociale du groupe) .
Quels sont les comporte-ments sociaux (hiérarchie, dominance, proximité, compétition...) de chaque individu au sein du groupe ? Le sociogramme de sortie ne montre aucune interaction offensive des chevaux (c), (d), (e) vis à vis du cheval (b) à la sortie du troupeau du cheval (a). 

Le nombre d'interactions offensives est principalement entre les chevaux (c) et (d).
A la réintroduction du cheval (a) dans le groupe, les réactions offensives sont uniquement entre le cheval (c) vers (d) et le cheval (e) vers (a).

On aperçoit ainsi que créer un changement d'environnement au sein d'un groupe et analyser ensuite les comportements des chevaux est un moyen d'apprécier au mieux le tempérament de chaque cheval ainsi que les inter-cations sociales dans le groupe. Changer l'environnement met donc les chevaux dans des conditions "inhabituelles" qui permettent de mieux les con-naître pour alors évaluer leur émotivité, déterminer leur statut hiérarchique, repérer la distribution des espaces entre eux, éviter les séparations difficiles ou traumatisantes, rechercher les rituels,
 

Ouvrages à consulter
Cheval Magazine, Devenez l'éthologue de votre cheval, N Pilley-Miranda, n° 330 
L'équitation, le cheval et l'ethologie, Ed. Belin, ENA, 1999
 
 

Yves BERTRAND 
 
 
 
 
 

avec la Collaboration de Cheval Evasion

 


Les distances et le comportement de fuite 
par le Dr. Y. Bertrand
 

En langage cheval...    La fuite est un mouvement de défense active déclenchée par plusieurs situations : 

  1.  - L'agression : la fuite est alors un comportement de défense face à un agresseur 
  2.    ou plus rarement l'expression de la fin d'un  combat. 
  3.  - La présence d'un prédateur ou d'un com portement de prédateur: la fuite est alors le comportement de la proie pour s'éloigner  du prédateur . 
  4.  - Un objet inconnu, apparaissant soudainement, même en lieu familier, ou un geste  inattendu ou certaines perceptions auditives : la fuite est alors une réaction de peur , de crainte et parfois de panique.  C'est la  fuite devant l'inconnu. 
  5.  - La douleur physique ou l'expérience douloureuse (piqûres d'insectes, mauvais traitements, aides trop vigoureuses, mors trop dur. ) la fuite est alors un échappement pour se soustraire à la douleur ou pour  l'atténuer


La fuite est à distinguer de action qui consiste à se dérober face à une difficulté, une demande. La distance de sécurité est la distance en deçà de laquelle le cheval ne s'approchera pas d'un objet qu'il juge inquiétant ou dangereux (environ 5 mètres). Cette distance ne serait jamais inférieure à 2 mètres et  rarement supérieure à 5 mètres. Tant que l'objet inquiétant se trouve au-delà de cette 
 distance, le cheval sera attentif mais ne  manifestera aucune crainte visible, mais  dès que l'animal parviendra en deçà de cette distance, le déclenchement de la  réaction de fuite aura lieu. . . (1 ).

 La distance de fuite est celle à partir de  laquelle l'animal essaye de s'échapper  lorsqu'un individu d'une autre espèce s'approche de lui... Tant qu'elle est respectée, il  se trouve dans un état bien équilibré sur le plan psychique: tension, excitation (2).

LES NIVEAUX DE COMPORTEMENT DE FUITE Pour la facilité de compréhension, je dis- tingue 4 niveaux de comportement de fuite selon l'estimation, l'évaluation du danger par le cheval. Ces niveaux de comportement varient d'un cheval à l'autre selon son tempérament, son seuil d'émotivité et selon les conditions qui les provoquent. L'intensité minimale du comportement de fuite réside dans la surveillance et l'attitude attentive. Le cheval adopte une position de surveillance: tête verticale, oreilles pointées vers l'avant. ..Toutefois, lorsque le cheval est brusquement confronté à un stimulus et que la peur est plus intense, il tourne rapidement la tête ou le corps de sorte que ses yeux peuvent se braquer sur la source de stimulation potentiellement dangereuse, Il adopte ainsi une position  particulière du corps et un mouvement d'orientation de la tête et du corps. La respiration devient irrégulière et les naseaux " . . s'élargissent. Si le danger est encore perçu plus menaçant, le cheval peut présenter alors un mouvement d'évitement ou un écart imprévisible et parfois extrêmement violent. Le galop ou la fuite désespérée permet au cheval en panique de se soustraire au danger effrayant pour lui. 

ATTITUDES 

La fuite est un comportement positif pour le cheval. En langage cheval, ce comportement a du sens. Le cheval obéit à son instinct face à une insécurité, méfiance ou peur. La fuite est pour lui un moyen d'issue pour s'éloigner d'un danger et assurer sa sécurité.  Elle ne doit donc pas être réprimée mais reconnue

Au moment de la fuite du cheval il importe alors pour le cavalier de ne pas avoir un comportement brusque, prédateur ou agressif, mais plutôt une attitude calme, détendue et confiante afin de ne pas générer une escalade et d'aggraver la situation. Il faut rassurer le cheval et ensuite apprivoiser sa peur . 

En dehors d'un moment de fuite, à titre de prévention, quelques recommandations peuvent être proposées : 
 

  • Élargir de façon progressive le champ des expériences du cheval car il a peur de l'inconnu. Alors, le désensibiliser par rapport aux stimuli de l'environnement facilite son éducation. 
  • -Être patient et laisser le temps au cheval de constater l'absence de toute menace. -Éviter la maîtrise technique du cheval par des aides contraignantes, une cravache menaçante, un harnachement dur, ... 
  • -Apprendre à reconnaître sa propre peur et à la surmonter en prenant du recul, du temps. Pour rappel, la fuite face à l'insécurité. la méfiance, la peur est aussi un comportement humain. 


Ces recommandations, pendant et en dehors d'un comportement de fuite, per- mettent au cheval d'apprendre à dominer ses peurs et son instinct de fuite. 
 

Les distances de sécurité
Le grégarisme est la tendance des animaux à constituer des groupes sociaux sous des formes très variées. Chez les mammifères, le troupeau est une des formes de groupe social avec une organisation qui présente des avantages, notamment vis à vis des prédateurs. Dans un troupeau, les animaux grégaires ont des relations sociales définies les uns avec les autres.

Le cheval est un animal grégaire vivant en troupeau ou harde avec une organisation sociale qui lui est propre. Dans ce troupeau, le cheval recherche la sécurité face aux dangers et donc généralement vis à vis des prédateurs. En effet, les autres chevaux contribuent à diminuer la peur du danger. En prairie par exemple, un cheval seul en train de paître doit régulièrement s'interrompre pour examiner l'environnement  qui pourrait présenter un danger. Par contre si le cheval se nourrit dans un troupeau, il n'a pas à le faire lui même aussi souvent et peut alors passer plus de temps à se nourrir et garder une certaine quiétude. 

Les relations sociales 

L'organisation sociale dans un troupeau totalise l'ensemble des relations sociales entre ses membres. Hiérarchie au sein du groupe, rapport de dominance, amitié, parade nuptiale, territorialité. ..sont des exemples de relations sociales. Parmi celles-ci, le respect de la distance entre les membres du troupeau n'est pas dénué de sens et n'est pas sans conséquence sur notre comportement à manifester avec le cheval. Regrouper des chevaux demande donc une certaine connaissance des relations entre les membres au sein d'un groupe. 

La distance individuelle 

En troupeau, malgré leur très forte tendance au grégarisme, les chevaux ne se tiennent pas à proximité les uns des autres. Généralement, ils gardent entre eux une distance individuelle, minimum de plusieurs mètres. C'est la distance à laquelle un cheval provoque l'agression ou l'évitement d'un autre cheval. Chaque membre du groupe maintient donc autour de lui un espace de sécurité où aucune intrusion n'est acceptée. Contrairement à certaines espèces animales qui cherchent l'entassement et le contact physique, le cheval fait donc partie d'une espèce animale sans contact, respectant entre eux une distance minimale. C'est la distance individuelle ou "bulle" invisible et aux formes irrégulières qui entoure le cheval. C'est une petite sphère protectrice que le cheval crée autour de lui pour s'isoler des autres (par la double tendance d'attaque ou de fuite). 

Cette distance personnelle varie. En effet, elle diminue par exemple en présence d'un danger commun. De plus, les chevaux dominants ont généralement une distance personnelle plus grande que ceux qui occupent une position inférieure dans la hiérarchie sociale. L'endroit de groupement des chevaux influence également, surtout lorsqu'il y a compétition pour un abri, un point d'eau. de la nourriture. La présence de nouveaux congénères inconnus entraîne une agression plus violente que vis à vis de partenaires du groupe. Au moment de l'accouplement. la distance individuelle d'attaque ou de fuite doit s'estomper pour permettre le rapprochement des partenaires ce qui explique les parades préalables pour apprendre à se reconnaître. 

Le respect de cette distance personnelle au sein d'un groupe de chevaux se retrouve dans des circonstances ou des contextes bien connus des cavaliers comme par ex. 
: -Les risques d'agression ou d'évitement lors de l'abreuvage à l'arrivée d'une randonnée: 
-La menace des chevaux dominants envers les subordonnés en prairie; 
-La répartition des chevaux entre eux lors d'une ballade: 
-La position des chevaux en présence d'un abri en prairie ou d'une ombre protectrice des arbres; 
-Etc. 

Dans ces circonstances, le cheval fait respecter sa distance personnelle soit par des avertissements menaçants dont les plus fréquents sont des mouvements accélérés de la queue, des esquisses d e morsures, la présentation de la croupe, la ruade, la levée d'un antérieur, l'abaissement de l'encolure avec les oreilles couchées en arrière ou la fuite.  Ces réactions sont intentionnelles et sont destinées à faire comprendre à l'autre que si il ne respecte pas les distances, il risque la bagarre, Généralement le cheval menacé se soumet en s'écartant ou en fuyant ce qui déclenche parfois la poursuite.
 

Toutefois  dans un troupeau. existent aussi .des préférences ou un compagnonnage . sélectif entre certains chevaux qui montrent qu'ils s'acceptent en toute sécurité. Pour ces chevaux " amis'. , la notion de distance individuelle est alors abolie. La proximité est acceptée, voire même souhaitée. Elle peut se manifester par une série de comportement :
-Ces chevaux se caressent, se grattent, se mordillent à la recherche d'affection et de contact et de sécurité 
-Ces chevaux ont des gestes de toilettage mutuel pour manifester leur amitié 
-Ces chevaux se flairent, se soufflent mutuellement dans les naseaux; 
-Ces chevaux se tiennent debout côte à côte et se donnent des coups de queue contre les insectes; 
-Les juments ont des relations spéciales avec leur progéniture. 
L'association entre juments et poulains a une forte influence sur la disposition spatiale des chevaux dans un groupe.

L'homme observe aussi une distance per- sonnelle dans les rapports qu'il entretient avec ses semblables. A lui alors de faire aussi respecter sa
distance personnelle par le cheval, en évitant par exemple de se faire bousculer. Le respect doit être mutuel. 

La distance sociale 

Dans le groupe, les chevaux restent en lien les uns avec les autres. La perte de ce lien avec le groupe les expose à divers dan- gers, notamment aux attaques des prédateurs. La distance sociale est donc la distance au-delà de laquelle le cheval perd le contact avec le groupe. Il ne peut plus le voir, ni l'entendre et le sentir. C'est aussi la distance au-delà de laquelle le cheval commence à s'inquiéter. Il souffre de l'isolement. Cette distance n'est pas fixe. Ainsi par exemple, elle diminue lorsqu'un danger rend nécessaire une surveillance plus étroite. 

De nombreux exemples se référant à la distance sociale sont bien connus de nombreux cavaliers : 
-Le poulain qui dépasse une certaine distance par rapport à sa mère; 
-Le comportement difficile d'un cheval qu'on enlève d'un groupe en prairie pour débuter une randonnée; 
-Le comportement anxieux du cheval laissé en arrière loin de la vue des autres au cours d'une ballade; 
-Etc. .

L'espace personnel 

La distance individuelle détermine ainsi un espace personnel qui comprend d'une part un espace physique qui permet au cheval de réaliser ses propres mouvements de base (se coucher, s'étirer, se gratter. ..) et d'autre part l'espace social. Celui-ci est la distance minimale que le cheval garde entre lui et les autres chevaux. 

En pratique 

Les chevaux ont besoin de la compagnie de leurs congénères et souffrent de l'isolement. En liberté, ils ne vivent donc jamais isolés. Ils vivent en troupeaux. Dans un troupeau, se manifestent des préférences pour certains et une antipathie pour d'autres. Chacun garde toutefois autour de lui un espace de sécurité ou espace personnel. 

Au sein d'un groupe de chevaux, l'homme doit connaître ces comportements du cheval liés au respect de sa distance personnelle et y porter attention. En effet, maintes activités quotidiennes le confronteront à ces comportements comme par exemple :
-Prudence lors de la mise d'un nouveau congénère dans un troupeau; 
-La séquence des chevaux en ballade, en randonnée, en piste intérieure devra tenir compte des distances personnelles; Il sera important de les découvrir en liberté et de ne pas les enfreindre; Nous devrons les comprendre et les utiliser pour satisfaire les préférences et éviter les antipathies; 
-L'homme doit également respecter la dis tance personnelle du cheval, avertir de sa présence et se faire reconnaître. A lui de faire
aussi respecter sa propre distance personnelle par le cheval; 
-Plus les chevaux auront d'espace entre eux, moins d'accidents se produiront;
-Etc. 

Un des messages de E. Hall, anthropologue américain, est l'importance de l'espace personnel nécessaire à tout être vivant (animal ou humain) pour son équilibre. L'espace dont peuvent disposer les chevaux n'est donc pas sans influence sur leurs comportements. 

Yves BERTRAND 

Ouvrages à consulter




avec la Collaboration de Cheval Evasion

 


Les animaux de compagnie du cheval
par Alain Willemart

L es humains esseulés ont souvent recours aux animaux de compagnie pour soulager leur solitu- de. Il en va de même des animaux, notam- ment des chevaux.
Animal social par excellence, le cheval a besoin de la compagnie de la harde, "sa famille" composée de juments, de mâles dominés, de poulains et, bien sûr, du chef  l'étalon. Ce troupeau était jadis synonyme de sécurité, de contacts sociaux, d'entraide, de défense commune, de jeu, de chaleur. C'est toujours le cas pour les chevaux qui vivent en groupe, mais combien d'entre eux sont aujourd'hui privés du contact avec leurs semblables, seuls dans leur prairie, ou, en hiver, dans leur box. Isolés et enfermés, les chevaux peuvent devenir dépressifs et léthargiques. Selon Linda Tellington-Jones ("Comprendre et  influencer la personnalité de son cheval" , Editions Vigot). la solitude peut les ame- ner à développer des tics, comme le tic de l'ours. le tic aérophagique ou le tic ambulatoire. Parmi les animaux domestiques, le cheval n'est pas comme le chien ou le chat, le compagnon avec lequel l'homme vit toute la journée. On le voit durant Ics soins et lorsqu'on le monte, c'est tout. Le reste du temps, il est à l'écuric ou en pâture. La richesse de ses contacts sociaux influe sur son moral. S'il vit avec ses congénères, tout va bien. S'il est seul, observez-Ie pour voir si, à la longue, il ne déprime pas: en quel cas. mettez-le en compagnie d'un autre cheval avec lequel il s'entend. Il se peut que vous n'ayez pas d'autre cheval ou pas de place disponible pour entretenir un équidé supplémentaire. Si vous optez pour l'achat ou l'adoption d'un animal de compagnie pour votre cheval, attention, faites d'abord un test pour vérifier qu'ils aient des atomes crochus. Il se peut que le cheval ne tolère pas du tout le compagnon que vous lui proposez.Ânes et poneys, plus rustiques que les chevaux. constituent d'excellents compagnons pas trop encombrants. Prenez-les donc à l'essai dans un premier temps. S'ils s'entendent en prairie, à l'intérieur par contre, le problème reste entier si la place manque pour les installer ensemble.

Que faire alors ? On peut opter pour un animal de plus petite taille car le cheval se lie aussi d'amitié avec des animaux te]s que la chèvre, le mouton, le chien, le chat, le lapin, le coq, l'oie... Quelquefois des liens se tissent avec un animal non domestique, comme une hirondelle nichant dans un coin du box ou de la stalle.

Bref, vous avez l'embarras du choix, mais vous devez savoir que :

-Le mouton est vorace et n'hésitera pas à voler la nourriture du cheval, même en hauteur.
-Le chien n'est, à priori, pas un compa- gnon "naturel" pour le cheval, étant donné son passé de chasseur carnassier. Tout dépend du chien évidem- ment; il arrive qu'ils s'entendent com- me larrons en foire. En matière de race, on entend souvent parler du Schnauzer comme du chien d'écurie idéal, étant par nature "doux aux chevaux". N'ayant jamais eu l'occasion de le vérifier, sauf a contrario, nous laisserons au lecteur le soin d'expérimenter.
-Le chat recueille souvent les suffrages des équidés. d'autant plus que le chat aime fréquenter l'écurie qui héberge souvent de nombreux rongeurs.
-Chiens et chats son susceptibles d'être rentrés à la maison une fois la nuit tombée, laissant donc le cheval seul une grand partie du temps.
-Chevaux et vaches en prairie font géné- ralement bon ménage, après une période d'acclimatation. Les vaches mangent les refus des chevaux et des poneys.
Contrairement à une idée répandue, ils ont aussi des parasites  communs.

Revers de la médaille : ces beaux liens d'amitié peuvent devenir des boulets: certains chevaux ne supportent plus d'être séparés de leur compagnon (ce qui arrive aussi entre chevaux), et il peut devenir très difficile de les emmener ou de les monter seuls. On connaît ainsi le cas d'un trotteur de course qui ne pouvait être séparé de son ami coq lorsqu'on l'emmenait sur les champs de course. L'excès nuit en tout.

Bien triste peut paraître la condition du cheval condamné à de longues heures quotidiennes de solitude, en prairie ou dans un box.
De temps immémorial. des esprits charitables sont remédié à cette carence affective en donnant au cheval solitaire un ou plusieurs compagnons.

Le cheval étant un animal grégaire, c'est- à-dire fait pour vivre en troupeaux, ses compagnons naturels ne sont évidemment autres que ses congénères, d'où la préférence marquée du cheval en prairie pour l'adjonction d'un ou plusieurs congénères, en respectant toutefois quelques règles élémentaires de prudence :

-ne jamais lâcher ensemble en liberté des chevaux ferrés ;
-se méfier et prévoir les rapports génétiques accidentels le plus souvent causés par des juments en chaleur, l'étalon ne faisant que répondre à l'appel d'une compagne.

En box, on remarquera souvent le compagnonnage naturel entre un cheval et une hirondelle nichant dans le box ou à proximité immédiate; il est fréquent que l'hirondelle partage le picotin et stationne insolemment sur le dos ou la croupe du locataire officiel des lieux.

Lorsqu'un cheval seul en box, donne des signes évidents de mélancolie, qu'il s'abs- tient de manger, souffle sur son avoine, l'homme de cheval avisé lui trouvera un compagnon adéquat: mouton, lapin, petit chien... On a longtemps appelé "griffon d'écurie" notre schnauzer actuel, reconnu comme compagnon favori de nos amis.

J'ai fait personnellement une expérience malheureuse avec un lapin : Il y a une trentaine d'années de cela, mon  cheval Arlequin paraissait s'ennuyer, et Je le lui ai offert la compagnie d'un jeune lapin acheté dans une ferme à Roux- Miroir; hélas, le lapin était timide et craintif, au point de chercher refuge dans la botte de luzerne, de sorte que, le lendemain matin, il fut retrouvé dans le foin, la tête écrasée par les mâchoires du cheval

HIPPO News -Décembre 1999-Janvicr 2000 .,


 
 

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